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L’ARRIVISTE

une impression réellement fâcheuse. Il s’irrita d’entendre encore résonner à son oreille ces mots : « vie pratique » ; « faire mon chemin », qui plus que jamais semblaient être la formule des égoïsmes à la mode, ainsi que des injustices accréditées. Il ressentit comme un besoin de pleurer sur le cruel mécompte de cette pauvre enfant qui, sans autre méfait que d’avoir cru candidement à son premier amour, apprendrait quelque soir, en lisant les journaux peut-être, la déchéance de son rêve et verrait passer ce hideux nuage sur la vision de son avenir aussi.

Non, ce n’est pas qu’il eût l’âme d’un poète ni le caractère d’un Don Quichotte, ce Guignard, mais dans le chemin de cette sorte d’arrivisme, — car il y en a plusieurs, — il geignait déjà sous le fardeau de sa conscience d’honnête homme.

Il comprit qu’il n’irait pas loin.