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L’ARRIVISTE

pour se demander ce que lui-même y est venu faire. — Il parle, et dans les premiers applaudissements qui accueillent sa parole, il sent qu’il y a dans cette foule un bon nombre d’électeurs de son âge, enfants d’hier, ses compagnons de l’école primaire ou des amusements de son enfance, au village natal, fiers aujourd’hui de le reconnaître en cette conjoncture. Ce qu’il dit ne satisfait pas d’abord toute sa pensée ; cependant, bientôt l’inspiration s’accuse, son verbe s’élève et il se laisse prendre à la griserie du succès, vibrant lui-même sous le fluide mystérieux que répand son éloquence sur l’auditoire asservi. Il en profite pour quitter le terre-à-terre des ambitions personnelles et aborde les vrais sujets de politique, qui donnent carrière à sa valeur, en intéressant avant tout les électeurs ruraux.

Bref ! son triomphe fut complet. Non-seulement les journaux apprendront le lendemain à leurs lecteurs que la province française du Canada compte un tribun