Page:Chrétien de Troyes - Le Roman de la Charette.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
VI

volume de mon édition de la traduction flamande ou hollandaise de cet ouvrage[1]), p. viii-cxli. Cette analyse est entremêlée de citations fréquentes et souvent étendues de l’original, reproduisant les passages les plus remarquables pour les antiquités en général ou pour notre roman en particulier.

Pour en citer un exemple, j’ai reproduit en entier cette partie du roman qui a pour titre li contes de la charrete, parce que pouvant la confronter avec la rédaction en vers de Chrestien de Troies, que j’ai imprimée de même, cette partie me paraissait surtout digne d’intérêt, puisque ce n’est qu’en comparant les deux textes qu’on peut victorieusement résoudre la question, toujours encore débattue, de la priorité de composition des romans en prose sur ceux en vers, ou vice-versa.

Or, ces deux textes se trouvant au beau milieu d’un livre publié dans une langue qui n’est pas assez répandue, il était à prévoir que probablement ils passeraient inapperçus en France. Comme ils me semblaient présenter quelque intérêt pour l’étude des antiquités nationales de ce pays, je profitai de l’occasion qui s’offrit à moi, et j’en fis tirer un fort petit nombre d’exemplaires à part, en me réservant de faire précéder ces pages par quelques observations sur l’auteur du Lancelot.

Non seulement que par là je réussissais peut-être à fixer l’attention sur un livre qui n’est pas sans quelque valeur pour l’histoire littéraire du moyen-âge[2]), mais j’avais une

  1. Deux volumes in-quarto, publiés par ordre du gouvernement Hollandais, sous ce titre : Roman van Lancelot, naar het eenig bekende handschrift der Konink lijke Bibliotheek, op gezag van het Gouvernement uitgegeven, door Dr. W. J. A. Jonckbloet. 1846—1849.
  2. L’intérêt de mon édition pour la littérature française ne repose pas seulement sur les citations nombreuses et étendues de l’ouvrage primitif, disséminées dans l’introduction : il en a un bien autre. Le manuscrit de la Haye nous apprend que plusieurs romans du cycle d’Artus sont perdus en France, le traducteur ayant interpolé dans le texte de Gauthier Map une foule de récits, qui ne se trouvent pas dans l’original. Cette manière d’agir n’est pas inusitée, et le manuscrit de la Bibliothèque nationale à Paris, fonds de Cangé n°. 27 nous en offre un exemple frappant. (Voyez la Description des MSS. du Brut, par M. Leroux de Lincy, p. XXV suiv.). Or, voici les récits que la traduction contient de plus que l’original : 1°. le roman de Morien, 4700 vers ; 2°. un récit dont Gauvain est le héros, 3000 vers ; 3°. Le roman du chevalier à la manche, 4000 vers ; 4°. un second récit dont Gauvain est le principal personnage, 3700 vers ; 5°. Le roman de Torec, 3900 vers. Je passe sous silence des milliers de vers du Perceval, une traduction de la mule sans frein etc. Tous ces morceaux sont traduits du Français (Voyez l’introduction de mon second volume, p. CLXXIII et IV), et aucun d’eux ne parait être connu en France. Nous avons encore un roman de Gauvain fort étendu, de plus de 12000 vers. Ce roman également traduit du Français semble aussi perdu, du moins toutes les recherches que j’ai faites à la bibliothèque nationale, guidé par M. Paulin Paris, ont été infructueuses. — J’ai publié ce roman, avec des notes et remarques, en deux volumes in-8o. Si je parle ici de cette publication c’est que j’aime à fixer l’attention des littérateurs français sur une analyse du roman du chevalier as deus espées (Bibl. nat. Sup. fr. 180) qu’on y trouve insérée et que je dois au zèle obligeant de M. Alfred Schweighaeuser à Paris, que j’ai aussi à remercier pour les longs extraits de la Mort d’Artur qui complètent mon édition hollandaise du Lancelot. Il ne serait peut-être pas superflu de consacrer une notice analytique aux ouvrages cités pour les faire connaître en France.