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DOURDAN SOUS LOUIS XIII ET ANNE D’AUTRICHE.

Un homme existait alors, grâce au ciel, né pour être l’apôtre de la charité et de la paix dans ce siècle de grand éclat et de grande pauvreté, Vincent de Paul, ce saint des derniers jours qui eut la passion du bien et le génie de la pitié. Accourant à la nouvelle du désastre, il vint s’établir à Étampes, commença par faire enterrer les morts restés sans sépulture, puis s’attaquant à la racine du mal, organisa des secours, et avec son admirable expérience, prit d’efficaces mesures pour le soulagement des malades et l’alimentation des paysans ruinés. Versant d’une main les riches aumônes qu’il recueillait de l’autre, il s’attacha à relever tour à tour chaque village, à réveiller la charité chez les puissants et le courage chez le pauvre peuple abattu. On le vit d’Étampes passer à Dourdan, où, avec ses faibles ressources, l’Hôtel-Dieu se voyait débordé par la misère[1]. Les trois sœurs de Saint-Lazare que, depuis quatre ans, la reine mère avait obtenues de Monsieur Vincent pour le service des pauvres malades, étaient impuissantes à recueillir tous ceux que le fléau atteignait, plus impuissantes encore à donner du pain aux malheureux habitants des campagnes qui mouraient de faim. Saint Vincent de Paul créa à Saint-Arnould, à Villeconin, ce qu’on appelait des marmites, pour des distributions de soupe et de vivres aux indigents, et la tradition d’un grand dévouement s’est perpétuée dans la contrée à côté du souvenir des grandes douleurs de la Fronde.

  1. Voir, sur l’hospice de Dourdan, le chapitre que nous lui consacrons.