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CHAPITRE XIII.

environs de Dourdan. La forêt cessa d’être un obstacle aux communications. Les trois dernières routes coûtaient à elles seules 120,000 livres. Un arrêt du Conseil d’État, de février 1760, autorisa des coupes extra-ordinaires dans les forêts de Dourdan, pour subvenir aux frais de construction de ces voies d’utilité publique. À peine terminées, le commerce s’en empara, et la circulation s’y établit de telle sorte que les dépenses d’entretien et de réparation coûtèrent bientôt plus de 2,000 livres chaque année au domaine. Les ducs d’Orléans, trouvant la chose onéreuse, obtinrent, en décembre 1781, un arrêt du Conseil qui les déchargeait de l’entretien, en les obligeant à une redevance annuelle de 400 livres, représentant les dégâts causés par l’exploitation de leurs bois.

Les exigences de la chasse étaient presque aussi puissantes que celles du commerce. Le roi Louis XVI dressa, dit-on, de sa propre main, un plan où furent tracées les routes que son intention était de faire construire, « pour la plus grande commodité et sûreté de chasses de Sa Majesté dans la forêt de Dourdan. »

Le devis en fut dressé en mars 1782, en conformité d’un arrêt du Conseil du 28 février, et ce devis monte à 116,055 livres[1].

Louis XV s’était déjà occupé des routes de chasse de Dourdan. Étant à Rambouillet, il était venu, le 2 juillet 1735, lancer un cerf dans les bois de Rochefort. Il le poursuivit à travers la vallée de Dourdan, et, passant par Grillon, le prit dans la cour même des religieux de Louye. Les pères offrirent au roi un rafraîchissement et prêtèrent leur voiture pour porter le cerf à Rambouillet. Louis XV reprit son chemin, passa tout le long des murs de Dourdan et donna des ordres pour faire percer des routes dans la forêt, à dessein d’y venir chasser.

La vieille forêt avait conservé son antique réputation d’être giboyeuse, et spécialement commode pour ce plaisir de roi. Le comte de Toulouse convoita toute sa vie la chasse de la forêt de Dourdan, et Louis XIV dut à plusieurs reprises éluder sur ce point, par un refus positif, les demandes les plus insinuantes et les offres d’échange les plus avantageuses. Le prince de Rohan-Gueménée, revêtu de la charge de grand-veneur, profitait souvent du voisinage de Rochefort pour venir chasser dans la forêt de Dourdan avec la meute royale. La plus haute société des environs se donnait là rendez-vous en grand attirail[2].

Le lecteur trouvera sans doute plaisante une anecdote arrivée aux environs de Dourdan à l’occasion d’une chasse de Louis XVI, et dont nous empruntons le récit à une lettre écrite à l’intendant d’Orléans, le 3 août 1775, par le subdélégué de Dourdan, auquel on demandait, par circulaire,

  1. Archives de l’Empire, O 20,249.
  2. Le spirituel et mordant marquis de Châtre raille le justaucorps chamarré d’or et le chapeau à plumes que portait à une de ces chasses de Dourdan M. Servin, seigneur de Bandeville, qui avait donné sa démission de maître des requêtes pour mieux chasser. — M. de Ch. — Jeux d’esprit et de mémoire. Cologn, 1694.