Page:Chronique d une ancienne ville royale Dourdan.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
160
CHAPITRE XIV.

Au lieu du simple syndic qui suffisait à la paroisse ordinaire, les traditions, les besoins du service, la dignité, parfois l’amour-propre entraînaient, dans les villes importantes, toute une hiérarchie de fonctionnaires municipaux chargés, sous les noms de maire, d’échevins, etc., de gérer les affaires de la communauté et de la représenter dans les occasions solennelles. Les rois avaient exploité la chose, et la vente, devenue forcée, des offices municipaux constituait un des profits de leur trésor. La ville de Dourdan, en général, se contenta modestement d’un syndic, excepté à quelques époques du xvie, du xviie et du commencement du xviiie siècle, où, soit nécessité, soit convenance, elle fut décorée de ce qu’on appelait un corps de ville en règle.

C’est ainsi que nous avons rencontré sur notre route : Denis Boutet et Noël Boutet désignés dans un bail de la terre de Grillon, en 1565, deux des échevins dudit Dourdan ; — Denis Chardon, conseiller du roi, garde-note héréditaire, maire perpétuel de la ville et comté de Dourdan (1711). — Avant lui, Louis Guyot, maire perpétuel de ville et paroisse de Dourdan, et Benoît Michau, son lieutenant de maire dataient leurs actes : de notre chambre commune de l’hostel de ville (1706). Au corps de ville se rattachait la milice bourgeoise, sorte de garde nationale que nous voyons figurer à Dourdan en cas d’alerte ou de cérémonie (Te Deum pour la paix, 1749 — révolte des prisons, 1764, etc)[1]. Plus pratique que le reste du corps de ville, la milice bourgeoise dure plus longtemps et apparaît plus souvent à Dourdan que les maires et échevins. Claude Guerton, Léonard Dossonville sont désignés, l’un comme premier, l’autre comme second capitaine de bourgeoisie de la ville de Dourdan en 1697 ; — Jean Camus figure comme l’un des lieutenants de ladite bourgeoisie en 1710 et Paul Henry Flabbée en est le commandant en 1764. Aux solennités, la milice marche en quatre compagnies de 40 hommes chacune, ayant à leur tête leurs officiers et leurs drapeaux d’étoffe bleue et rouge avec croix blanche, portant aux coins les armes du duc d’Orléans et de la ville. Quatre tambours, deux hautbois et quatre violons les précèdent dans les grandes circonstances, et quatre hallebardiers aux livrées de la ville complètent l’escorte du maire ou du simple syndic.

Dourdan n’ayant ni octrois proprement dits, ni deniers patrimoniaux, une municipalité au grand complet était d’une médiocre utilité. Au commencement du xviiie siècle, on vit s’éteindre celle qu’on avait essayé d’établir, mais sans remboursement de finances pour ceux qui étaient pourvus des anciens offices. Plus d’une famille en fut alors pour ses frais et garda un mauvais souvenir de la mairie et de l’échevinage. Aussi les

  1. En cas d’incendie, c’était elle qui portait secours. Il fut question de frapper de 3 livres de rente perpétuelle toute maison où le feu prendrait, comme indemnité pour les seaux de la ville.