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CHAPITRE XIV.

abondance. »[1] Telle est, évidemment, l’origine de ces trois pots qui, en 1624, avaient une date immémoriale. Dans une petite note écrite sur Dourdan, au commencement du xviiie siècle, M. Vedye ajoute : « Les armoiries de la ville sont trois pots d’or en champ d’azur, deux et un. Quelques-uns ont joint trois fleurs de lis d’or et on les trouve des deux façons sur des monuments fort anciens. On en ignore l’origine ; il y a lieu de penser qu’elles sont venues du grand nombre de fours à pots qui étoient à Dourdan et aux environs. Il y a en France un ancien proverbe qui dit, en parlant d’un homme inepte : il est neuf comme les pots de Dourdan. »

Nous avons cherché vainement un de ces monuments anciens portant des armoiries. Elles ont sans doute disparu à la révolution[2]. D’après un croquis qui nous a été communiqué, l’ancienne forme adoptée pour la figure des pots de Dourdan aurait été celle d’une sorte de bouteille renflée, à goulot décoré d’une moulure et rappelant un peu les poteries romaines. Il est certain que la représentation ancienne des armoiries de Dourdan différait de celle usitée pendant le xviiie siècle, qui a fait des vieux pots de Dourdan trois élégants vases de fleurs à anses contournées. C’est de cette façon toute moderne que nous les voyons figurés sur le cartouche d’une carte manuscrite de l’élection de Dourdan, datée de 1743, et sur le sceau de la municipalité créée à Dourdan en 1789. Ce sceau, qu’il est rare de trouver intact, est ovale, de vingt-huit millimètres de hauteur : écu d’azur à trois vases de fleurs, à anses, deux et un, sous un chef de gueules à trois fleurs de lis en fasce ; timbré d’une couronne de perles et entouré de branches de laurier. Autour, ces mots : « Municipalité de Dourdan[3]. »

Nous avons retrouvé un dessin colorié, daté de 1790, qui a dû servir de modèle pour l’exécution de ce sceau ou, tout au moins, pour la fixation à cette époque des armoiries de Dourdan. Écu d’azur, pots d’argent, fleurs de lis d’or sur chef de gueules, couronne de perles, tout y est indiqué de la même manière. Au lieu de branches de laurier, ce sont des branches de lis rattachées par un ruban qui porte ces mots : « Liberté, loyauté, franchise. » Au-dessus du ruban on a écrit : « Néant pour le Ruban et la Devise. » Au-dessus de la couronne, on a esquissé au crayon une lance qui paraît soutenir le tout, et porte un noeud sur lequel se lit cette autre devise : « Ils sont de fer, » fière allusion aux pots de la fable, qui brisaient ceux qui les heurtaient.

Subdélégation. — Nous avons dit que Dourdan était chef-lieu d’une

  1. P. 12.
  2. L’inscription commémorative de l’érection de la chapelle de la Vierge, à l’église, porte trois pots à anses de forme indécise. Un grès qu’on a enchassé à l’intérieur d’un jardin, à l’entrée de la rue Grouteau, offre trois pots grossièrement sculptés et sans caractère.
  3. Arch. de l’Empire, F. 7. 4388. — Décrit dans l’Inventaire, no 5576. — L’écusson de notre frontispice est la reproduction de ce sceau.