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CHAPITRE XIV.

L’intendant, sorte de préfet, avait dans chaque élection un subdélégué qui le représentait et faisait en quelque façon les fonctions du sous-préfet actuel. Le subdélégué, qui se choisissait une personne de confiance pour lui servir de greffier, avait un rôle important. Il appartenait au pays, il connaissait la population et ses besoins ; il pouvait en être l’interprète auprès de l’intendant, haut personnage étranger à la contrée et trop souvent à ses intérêts. Dourdan eut heureusement pour subdélégués, pendant les difficiles années du xviiie siècle, des hommes consciencieux et dévoués. MM. Charles-Jouan, Boucher, Vedye, Henri Roger, cumulèrent la plupart du temps avec l’administration du bailliage cette mission délicate. Nous avons été à même de voir le zèle et l’ordre qu’apportaient ces deux derniers fonctionnaires dans leurs relations avec l’autorité supérieure. Leur famille a conservé d’énormes registres où, jour par jour, pendant cinquante ans, les laborieux subdélégués transcrivaient, en regard de leurs réponses, les nombreuses pièces de leur correspondance avec messieurs de Bouville (1723), de Baussan (1739), Pajot (1740), de Barantin (1747), de Cypierre (1760), intendants d’Orléans[1].

Dans le long dépouillement de cette correspondance, qui nous a fourni plus d’un renseignement local intéressant, nous avons touché du doigt et vu fonctionner en détail ce rouage si important de la subdélégation, rouage inventé par l’ancien régime quand il s’agit de créer la machine moderne de la centralisation administrative, rouage souvent décrit d’une manière générale, mais trop rarement étudié à fond.

Sans prétendre en aucune façon à cette étude, nous dirons que le subdélégué de Dourdan nous apparaît tout à la fois : comme agent actif et exécutif du gouvernement, donneur d’avis et commissaire enquêteur du contrôleur général, confident intime de l’intendant.

« Agent actif » de l’État : c’est lui qui, tenant sous sa main le syndic et le collecteur, veille à l’exécution de toutes les lois générales, édits journaliers, règlements spéciaux. L’impôt l’occupe chaque année pendant plusieurs mois. Il doit se trouver dans la paroisse de son élection que l’intendant a choisie pour y faire le « département. » Confection des rôles, choix et élection des collecteurs, plaintes des contribuables, réclamations des privilégiés, il fait, il entend, il transmet tout. A Dourdan c’est souvent l’occasion de luttes violentes, de cabales passionnées contre le subdélégué, en dépit du zèle avec lequel il prend les intérêts de la ville

    noms de 40 familles déclarant des armoiries anciennes et de 61 familles en achetant de nouvelles, plus les communautés. C’était pour le fisc un produit de 1,570 livres. — Bibl. impériale, mss.

  1. Ces registres, restés dans nos mains à la mort de M. Félix Roger, d’Étampes, qui nous les avait confiés, ont été, l’an dernier, à notre prière, offerts par sa veuve à la mairie de Dourdan où ils seront déposés.