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JURIDICTIONS. — ADMINISTRATION.

C’est au château que fut établi le grenier à sel ; c’est M. de Verteillac, gouverneur de la ville, qui se chargea de l’aménagement. Le 3 mai 1743, il obtint la permission de faire démolir, sur une longueur de trente-six toises, l’ancien corps de bâtiment du château qui regardait la rue de Chartres et contenait les écuries, et d’en employer les matériaux à une construction nouvelle sur l’emplacement de la grange qui faisait face à la place, à droite de l’entrée principale. Au bout de deux mois à peine, le sel était entassé dans deux beaux greniers, et la tour d’entrée attenante, avec la grande chambre voûtée du concierge, était convertie en dépôt ouvert à 2 heures les mercredi et samedi. M. de Verteillac, qui avait avancé l’argent, s’assurait le loyer de ces greniers, et au cas de changement, un remboursement de 3,000 livres[1].

Auditoire royal. — Lieu de réunion commun à toutes les juridictions, l’auditoire royal de Dourdan était, l’on s’en souvient, situé au premier étage, dans la vieille halle. On y montait par un escalier de grès ; la chambre du barreau s’ouvrait la première, garnie de son bureau, de bancs, de chaises et des perches d’appui des procureurs. Derrière, était la chambre du conseil. Dans ce modeste et antique prétoire, s’agitèrent pendant des siècles tous les débats civils et judiciaires de nos pères. Audiences quotidiennes du lieutenant du bailliage, grandes assises du bailli, jugements sommaires du prévôt, sentences pour un denier de cens non payé et condamnations capitales, procès forestiers ou litiges féodaux, ventes publiques, adjudication des droits affermés assemblées des habitants, élections, tout se passait dans l’auditoire. C’est à sa porte que le crieur proclamait les enchères, à sa porte que l’huissier à cheval, assisté de son trompette, lisait et affichait les annonces, avant de les attacher sur le poteau servant de pillory, à l’endroit de la monstre de Dourdan, sur le marché à l’avoine, où les malheureux condamnés demeuraient exposés avant les exécutions.

Les ducs d’Orléans trouvèrent un peu mesquin le siége de leur justice ; au xviiie siècle ils le transportèrent au château. À gauche en entrant dans la cour, le rez-de-chaussée du bâtiment de Sancy fut disposé pour servir d’auditoire. Une salle d’audience, une salle du conseil, une chambre pour les archives furent installées à la suite l’une de l’autre. Tendu de tapisserie bleue à fleurs de lis jaunes, le nouvel auditoire de Dourdan appartenait à jour fixe et à tour de rôle à chacune des juridictions. Le château, devenu le siége pacifique des affaires, ouvrit dès lors à tous venants sa grande poterne jadis mystérieusement fermée, et juges, plaideurs,

    Deslandre (remplacé par MM. Carrey et Decescaud). — Grenetier : Pierre Fougerange, lieutenant particulier du bailliage. — Contrôleur : Pascal Genest, lieutenant de l’élection. — Procureur pour le roy : Anselme Dramard, marchand drapier. — Greffier : Pierre Thibault, marchand. — Receveur : Odile de Pommereuil.

  1. Archives de l’Empire, O. 20250.