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LA VILLE.

spirituel, on la qualifie dans les actes de maison seigneuriale. Elle jouit d’une vue superbe et plane sur la rue de la Fontaine-Saint-Pierre, la source où s’abreuve le quartier, la rue des Vergers-Saint-Pierre ou Saint-Laurent qui rejoint la rue d’Étampes, la fausse porte Grousteau, la fontaine Grousteau ou des Remparts, la rue Grousteau à droite de laquelle sont de grands maraîchers et les potagers de M. de Verteillac ou jardins de La Brousse entourés de canaux, et la masure qu’on nomme le vieil Presbitaire. Plus loin sont l’étang ou les prés de Gaudrée, et sur la rivière le vieux moulin Grousteau ou Micheau avec son voisin le moulin Prieur ou Choiselier.

Le carrefour Saint-Pierre n’a pas manqué d’avoir ses hôtelleries et on y a vu pendre tour à tour les enseignes de Saint-Gilles, de l’Ouye, du Dauphin, du Cheval Blanc et de la Chasse Royale. — La rue Saint-Pierre, la plus centrale de Dourdan, relie en quelque sorte les deux paroisses, et les clochers de Saint-Germain répondant à la flèche de Saint-Pierre, se dressent au-dessus des halles et forment le fond de la perspective. À gauche, les rues du Trou-le-plus-net et du Petit-Croissant descendent vers la rue d’Étampes. À droite, la rue Geoffroy qui porte le nom du dernier prieur de Saint-Germain, prolonge la rue Croix-Ferras qui commence à la rue Neuve et mène à la Tourelle carrée. La rue Saint-Pierre a vu tomber l’une après l’autre ses vieilles maisons. On y remarque pourtant encore la plus ancienne des façades de Dourdan, aux sombres assises de grès et au portail voûté : l’Écu de France y pendait au xve siècle et se retrouve sculpté en pierre sous le porche, au-dessus de la petite porte d’entrée. Les murs de la cour ont conservé les traces des galeries et des passerelles qui reliaient entre eux les différents corps de logis. C’était, au xviie siècle, la demeure de Pierre Boudet et de M. Louis Guyot, président en l’élection. Thomas de Lescornay l’a reçue de lui en héritage et M. Decescaud, président du grenier à sel, l’habite au xviiie siècle[1].

Tout à côté s’élevaient la maison de la Grande-Fontaine et celle de la Petite-Fontaine à l’encoignure de la ruelle des Hues qui borde l’hospice et a conservé le nom des anciens propriétaires du jardin de l’Hôtel-Dieu.

Saluons en passant ce consolant asile de la charité, relevé par des mains princières et dont la haute et large porte, nuit et jour ouverte à la souffrance, a été reconstruite en 1767.

Nous sommes au marché aux Herbes, et nous voici revenus à notre point de départ. Les vieilles halles aux massives charpentes occupent

  1. Déclaration de Pierre Boudet, 17 juillet 1607, devant Berthier, notaire à Dourdan ; — de Louis Guyot, 7 juillet 1669, devant Boucher. — Vente, par Thomas de Lescornay, à Jacques Deshayes, devant Mathieu Buffy, 26 janvier 1755. — Jean Decescaud, 1782. — C’est aujourd’hui une boucherie menacée de reculement.