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CHAPITRE I.

« Dordonum, » idem, dans les mss. no 999 et 4921, A.

« Dordincum, » Martyr, univers. de Castellanus ; Acta sanct.

« Durdinium, » Dictionnaire de Corneille.

« Durdanum, » Baudrant.

« Dourdenc » est encore une forme que nous nous rappelons avoir vue.

Il est difficile de déguiser sous plus de formes diverses un nom qui reste au fond toujours le même. L’ignorance et parfois les essais de science des copistes, des tabellions ou des clercs, l’influence des différentes races qui ont passé sur le territoire, ont amené ce résultat.

Pour en finir avec le seigneur Dordingus, a-t-il pris en le germanisant le nom primitif de Dourdan, la chose est probable, et ce nom primitif, ce nom vulgaire qui reparaît plus tard serait celui même de Dourdan ou Dordan, suivant la phrase de « l’autheur célèbre » que cite de Lescornay, « Orgia alluit Dordingam quam vulgò Dordanum incolæ vocant. »

L’existence, à Dourdan même, d’une bourgade mérovingienne est un fait hors de doute. A supposer que la forteresse romaine ait été alors détruite ou remaniée, Dourdan, à cause de sa position de frontière, dans les divers partages entre les descendants de Clovis, dut être doté d’un de ces châteaux que les rois mérovingiens firent construire sur certains points menacés du territoire[1].

La tradition, d’accord en cela avec les probabilités de l’histoire, fait en effet remonter à Gontran la fondation d’un château à Dourdan. Dourdan appartenait alors au pays d’Étampes, pagus Stampensis, dont la première mention se trouve, vers cette époque, dans Grégoire de Tours[2]. Il en était une des frontières. Dépendant, comme le territoire d’Étampes et celui de Chartres, du royaume d’Austrasie, Dourdan fut compris dans la transaction de Childebert qui cédait tout ce pays à Gontran, roi de Bourgogne (587) ; il eut à subir les désastres et les ravages nés des sanglantes discordes de ces premiers et violents rivaux de la monarchie franque. On a voulu faire de Dourdan le théâtre d’un des chocs de Gontran et de Chilpéric, d’après le texte de Grégoire de Tours, qui indique comme lieu de l’action un pont sur l’Orge, Urbiensis pons Parisiacæ civitatis. Mais Dourdan n’appartenait pas à la civitas Parisiaca, au diocèse de Paris,

  1. Viollet-le-Duc, Dict. d’Architect., article Chateau.
  2. Hist. Francorum, IX, xx ; X. xix ; le pagus Stampensis ou Stampinus, franchissant l’Orge sous Dourdan à la Brière (Brocaria prope de fluviolo Urbia, chart. Clotild. Bréquigny, Dipl., p. 257), s’engage par la branche affluente qui passe au nord de Rochefort et de Saint-Arnoul, par Bullion (Bualone, Testam. Bertram. Episc. Cenoman.) et se perd dans la forêt Yveline, confinant au Gâtinais et au Chartrain et enveloppant dans son périmètre ce qui sera le doyenné de Rochefort. (Guérard, Polyptique ; Guérineau de Boisvillette, Mém. de la Soc. arch. d’Eure-et-Loir t. III, p. 78, etc.)