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CHAPITRE XVIII.

nes groupées autour de la grande salle du chef. Adoptée et consolidée par les Romains trop bons observateurs pour ne pas utiliser les données locales, l’enceinte est régularisée et flanquée, et le fort se change en une citadelle organisée pour une résistance sérieuse. Conservée ou renouvelée à peu près dans les mêmes conditions, la station romaine devient la station germaine et continue pendant plusieurs siècles à assurer la défense du territoire. Peu confortable, le château n’est guère qu’un camp, castrum. Pourtant de puissants personnages s’en contentent et nous savons que le père de la dynastie capétienne, le grand duc de France, vient se reposer à Dourdan pour mourir, apud castrum, apud villam Dordingum. Château et village, c’est tout un pour l’histoire : quand la royauté hérite de l’un et de l’autre comme de son domaine, c’est le titre de municipe, de lieu fortifié, qui subsiste pour désigner Dourdan, Dordinchum quod regium municipium est, et les bourgeois, burgentes, qui y vivent continuent d’emprunter leur nom à la tour ou burgus qui les a ralliés.

Forteresse royale, le château de Dourdan est aux xe, xie et xiie siècles, une des sentinelles avancées du souverain obligé de disputer sa couronne contre les grands vassaux insoumis. Il se dresse sur une des frontières du domaine de la couronne, pour en couvrir le territoire, en face des tours menaçantes des seigneurs rivaux, et tandis que les cimes imprenables de Montlhéry et de Rochefort servent de repaires à d’illustres bandits, la citadelle du roi rassure contre un audacieux coup de main les paisibles habitants de la vallée. Quand le monarque cherche un lieu sûr et écarté pour abriter les préparatifs d’un hasardeux dessein et les mystères d’une politique qui a encore besoin de surprises, il donne là ses rendez-vous à d’officieux personnages. Quand la puissante maison de Chartres-Champagne tient la couronne en échec, c’est au château de Dourdan, sur la limite du pays chartrain, que Louis le Gros le Batailleur vient se retirer par intervalle, et c’est autour de ce centre monarchique que se serrent et s’abritent les paysans des campagnes dévastées.

Le trône s’affermit, mais il garde ses postes militaires, les agrandit, les fortifie suivant un plan à la fois préventif et répressif. En même temps, la forteresse devient palais, et le château, aménagé pour le combat, l’est aussi pour le séjour pacifique et la vie privée du maître. C’est, à Dourdan, l’œuvre de Philippe-Auguste. Son père, aux mœurs monacales, s’est contenté du vieux château ; lui-même y est venu souvent en chasseur. Pour y venir en prince, il le fait reconstruire. Un nouveau château est terminé en 1222 ; c’est celui dont Dourdan possède encore aujourd’hui les restes.

À supposer, ce qui est extrêmement probable, que le nouveau château ait été construit exactement sur l’emplacement de l’ancien, l’appropriation du terrain qui lui fut consacré la construction des fossés, la création, devant l’entrée, d’une place vide utile à la perspective et au service