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LE CHÂTEAU.

« Grange » s’étend en façade sur la place. Converti en bastion par le capitaine Jacques, il a beaucoup souffert, et, comblé, à la hauteur de douze pieds, de terre et d’immondices, il est criblé par le canon et mis hors d’usage.

De la tour d’angle, jusqu’à la grosse tour, dominant la rue de Chartres, se dresse, avec ses deux étages et ses combles, le principal corps de logis « long de dix espasses. » Le rez-de-chaussée est occupé par les écuries du duc de Guise plus ou moins endommagées et dépouillées de leurs accessoires, par le puits entouré de ses garde-fous, par un escalier à vis desservant les étages supérieurs et par une cuisine basse, du côté de la grosse tour, dans laquelle ouvre un autre escalier.

Revenant à la porte d’entrée et tournant à gauche, on trouve la plate-forme ou terrasse qui regarde le portail de l’église. Au bout de cette terrasse, s’appuie à la tour d’angle devant Saint-Germain, et court jusqu’à l’autre tour d’angle au couchant « un grand corps d’hostel contenant neuf espasses, » dont les planchers sont ruinés de fond en comble et dont les chevrons pendants, les cheminées rompues attestent une attaque à outrance. Un appenti de 14 pieds de long, à toit de tuiles, couvre l’entrée des caves ; un poulaslier est au-dessus de l’une des entrées des foulleries et contre un des murs s’adosse le fourny qui a trois toises de longueur.

La tour d’angle du couchant, fendue par la mine, est béante d’un côté[1]. Contre elle s’adosse, à angle droit, le dernier « grand corps d’hostel, contenant sept espasses » qui se prolonge presque jusqu’à la grosse tour et ferme ainsi le circuit formé par les constructions disposées en carré sur les quatre côtés de la cour. Ce corps d’hôtel, comme l’autre, a sa toiture arrachée, son plancher inférieur couvert de terre, ses planchers supérieurs presque tous rompus. À son extrémité, près de la grosse tour, se dresse debout un grand pan de muraille de dix-huit pieds de haut et de vingt pieds de large : c’est là que « soulloit estre ung des bouts de la chappelle Monsieur Saint Jehan, qui est à présent ruisnée et plaine de terre et immondices. »

Les sept tours qui, avec les deux tours d’entrée, forment la défense de l’enceinte, ont leurs planchers brisés et leurs salles à demi comblées de terre. Les « garde-fous planchéiés pour aller de tour en tour » sont encore accrochés sur les murailles.

La grosse tour, solitaire au milieu de ses fossés, se relie à la cour par sa casemate, cette fameuse casemate qui a perdu le capitaine Jacques. Dans la cour, cette casemate est fermée par « ung huis faict de barres de fer » cadenassé et verrouillé. Derrière est une descente de vingt-

  1. Cette tour, privée de sa toiture, est telle que l’a laissée le canon de Henri IV, et dépasse la courtine. On peut voir encore, au-dessous d’une ouverture qui regarde l’extérieur, la trace de poutres et de corbeaux qui soutenaient un ouvrage de défense.