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LA MAISON DE LA COMMUNAUTÉ.

l’État, et leur maison conventuelle, transformée en bureaux par l’administration du directoire du district de Dourdan, servit peu après de caserne à la compagnie de vétérans détachée pour la garde de la maison de force.

Quand l’orage fut passé et qu’on sentit le besoin de reconstituer l’enseignement de la jeunesse, le souvenir des anciennes institutrices se raviva dans le cœur des mères de famille, et c’est vers elles qu’on se tourna. Grâce à l’initiative de M. Dauvigny, maire de la ville, et à la protection dévouée du consul Lebrun, l’ancien représentant, l’habitant et l’ami fidèle de Dourdan, les sœurs de l’Instruction chrétienne, réduites de vingt-quatre à dix, furent installées, aux frais de la ville, dans une maison de la rue Traversière[1]. Dès le 8 août 1803 (an XI) l’ancienne supérieure, Mme Gaudry, sœur de la Passion, assistée de la vieille sœur Sainte-Avoye, avait la joie de reprendre elle-même son œuvre interrompue. L’architrésorier, infatigable et puissant avocat des bonnes sœurs, obtenait de l’empereur un décret d’autorisation provisoire (5 septembre 1806) ; — un second décret, daté du camp de Varsovie, qui leur rendait leur maison de la rue d’Authon (25 janvier 1807) ; — un troisième décret, signé au camp de Schœnbrunn, qui leur restituait leurs deux pièces de bois (6 août 1809). — Le 16 mai 1808, la communauté rentrait dans la maison de Mme Servin singulièrement délabrée depuis quinze années.

Les jeunes élèves revinrent à l’école où leurs mères avaient été élevées, et pendant l’empire et la restauration la prospérité morale de l’établissement n’eût rien laissé à désirer, si des embarras matériels ne fussent venus compromettre son existence. Avec les vieilles sœurs, les anciennes traditions d’ordre et d’économie s’étaient perdues. La maison, obérée de près de quatorze mille francs de dettes, ne put se soutenir, les sœurs de l’Instruction chrétienne se dispersèrent, et l’ordre fondé par Mme Servin s’éteignit. C’est alors que les sœurs de Saint-Paul, dites sœurs de Saint-Maurice de Chartres[2], reprirent à la fois, en 1835, le pensionnat et l’école gratuite, auxquels vint s’adjoindre, à la sollicitation des dames de Dourdan, une salle d’asile dont les frais d’appropriation furent sup-

  1. Qu’avait habitée le docteur Talibon. La ville payait un loyer de 300 fr., auquel M. Lebrun ajoutait 400 fr. — Les habitants exprimèrent leur reconnaissance au maire et au consul, par délibération du conseil municipal du 26 pluviôse an XII (1804).
  2. L’institution des sœurs de Saint-Paul de Chartres remonte précisément aussi au xviie siècle, et au pieux évêque Godet des Marais. Primitivement dotées par le célèbre Nicole et réunies par Mlle Tilly d’Allaines, elles s’établirent à Chartres dans le faubourg Saint-Maurice, dont elles prirent d’abord le nom, et, joignant à l’enseignement le service des hôpitaux, elles prospérèrent rapidement. « Elles occupent maintenant l’ancien monastère des Jacobins, dont les bâtiments ont été relevés et agrandis. C’est de cette maison mère que les héroïques filles de Saint-Paul vont porter jusqu’aux extrémités du monde les trésors de leur charité. » — De Lépinois, Histoire de Chartres, t. II, p. 540.