Page:Chronique d une ancienne ville royale Dourdan.djvu/330

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
314
CHAPITRE XXIII.
En 1863 5,860 fr.
En 1868 6,310 [1]

D’autre part, le nombre de sacs de tous grains annuellement apportés sur le marché est tombé, pendant les dix dernières années, de 42,000 a environ 25,000.

À considérer ces chiffres, on est tenté, au premier abord, de proclamer la tendance décroissante du marché de Dourdan, mais un examen réfléchi permet de mieux juger le présent et de mieux augurer de l’avenir. Il fait reconnaître, dans une apparente diminution, une perturbation née d’une cause locale et une transformation due à une cause générale.

La cause locale, c’est l’ouverture, en 1865 du chemin de fer de Paris à Tours par Vendôme, passant à Dourdan. La crainte d’une autre direction donnée aux grains par cette voie a pesé comme une menace sur le marché de Dourdan depuis plusieurs années. Cette appréhension a causé la baisse si sensible du taux d’adjudication du placage en 1863, et une hésitation transitoire de la culture a pu contribuer à la décroissance notable de l’apport en 1866.

La cause générale, c’est le développement du procédé de vente sur montre qui devait nécessairement s’opérer dans le commerce des grains, par suite de l’accroissement de la consommation et de la facilité des communications et des échanges. Sans doute, dans cette transaction invisible et rapide pour laquelle suffisent une poignée de grains dans une bourse, la feuille déchirée d’un carnet ou la parole d’un homme, la tenue d’un marché perd quelque chose de sa richesse extérieure et de cette prospérité qui se traduit par de luxuriants amas de grains sans doute, il y a quelques profits matériels de moins auxquels les particuliers, voire même les administrations municipales, sont très-sensibles ; mais est-ce à dire pour cela qu’un marché est déchu ? Tout compte fait, n’est-il pas évident, au contraire, que celui de Dourdan n’a jamais servi de centre à autant d’opérations ?

Nous en appelons à cette foule compacte et affairée de producteurs, de courtiers, de meuniers venus des abords mêmes de la capitale, qui se presse pendant plusieurs heures, au point d’interrompre la circulation, au dedans et au dehors de plusieurs de nos cafés, devenus comme des bourses improvisées. Nous en appelons à ces immenses convois de farine, sortis des usines perfectionnées de la vallée de l’Orge, broyant, sous leurs meules mues par la vapeur, d’énormes quantités de grains qui la plupart se sont vendus au marché de Dourdan, et qui moralement, commercialement, y ont passé[2]. Cette vente insaisissable ne nous effraie

  1. Se décomposant ainsi :
    Places et marché 6,000 fr.
    Mesurage et pesage 310
  2. Une appréciation en chiffres de la vente sur montre est, on le conçoit, très-diffi-