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CHAPITRE XXV.

dès le mois d’août. En octobre, « le conseil général de la commune » assemblé à « l’hôtel-de-ville, » sous la présidence du maire, prend l’administration de l’Hôtel-Dieu. Le sieur Geoffroy siége comme « procureur de la commune. » Les anciens services désorganisés se reconstituent sous une autre forme. Tout se fait encore au nom du roi uni à celui de la nation ; mais, d’heure en heure, le prestige royal s’amoindrit et s’éteint[1].

Après la Constituante, nommé administrateur du département de Seine-et-Oise, Lebrun en présida le directoire. C’était une préfecture, et dans les plus difficiles circonstances. Le mouvement révolutionnaire gagnait de semaine en semaine. La disette de grains provoquait dans notre contrée les plus graves désordres. Le maire d’Étampes, M. Simonneau, victime de son dévouement à la loi, était assassiné sur la place publique. Tous les marchés voisins, celui de Dourdan en particulier, étaient en proie au trouble et à l’inquiétude. Il fallut recourir à des mesures sévères, que Lebrun réclama en termes énergiques à la barre de l’Assemblée Législative. Des troupes furent appelées et l’ordre fut maintenu.

L’orage qui renversait le trône entraînait ceux qui cherchaient à le soutenir. Dénoncé au club de Versailles, suspecté par ses collègues eux-mêmes, demeurant toutefois à son poste, Lebrun ne se démit de ses fonctions qu’après la journée du 10 août 1792. Il fut reçu à Dourdan avec une confiance sympathique. Il avait rendu des services à la ville, y faisait travailler beaucoup d’ouvriers, et trouva encore dans Grillon quelques jours de sécurité. Les habitants de Dourdan étaient bons, l’architrésorier leur en a rendu bien souvent depuis le témoignage. Il y avait toutefois au milieu d’eux un certain nombre d’hommes exaltés. Tout en reprochant à Lebrun de ne pas être un patriote assez ardent, ils ne le regardaient nullement comme un ennemi, et, le prenant sous leur protection, ils le défendaient contre les dénonciations qui ne cessaient de venir de Versailles[2].

Les élections des députés à la Convention occupaient alors tous les esprits. Les assemblées primaires furent convoquées pour choisir des électeurs qui, eux-mêmes, devaient nommer les députés. Sous la direction de MM. Lefort, maire, et Rouchon, procureur de la commune, Dourdan fit ses élections. Lebrun fut nommé. Il sentait tout le danger de ce mandat, mais c’était un service à rendre, il accepta. À peine arrivé à Saint-Germain, où se tenait le collége électoral du département, il fut

  1. Le sceau de la nouvelle municipalité de Dourdan, qu’on retrouve encore attaché à des pièces de 1792, offre les armes de la ville unies à celles du trône.
  2. La Société populaire de Dourdan, qui avait sa commission des rapports, tenait ses séances dans la chapelle de l’Hôtel-Dieu. M. Moutié possède la planche qui servait à imprimer les billets d’entrée à ces séances.