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APPENDICE III.

De nos jours, l’emploi du grès dans les constructions devient de plus en plus rare ; il n’y a d’exception que pour les principales assises des constructions hydrauliques. Mais le grès reste toujours l’élément indispensable pour le pavage des rues, les dallages, les bornages, etc.

Les principales exploitations dans le canton de Dourdan se font à Saint-Chéron, au Plessis (commune de Longvillier), et surtout à Liphard (commune de Dourdan), d’où l’on exporte même du pavé sur Paris.

Des exploitations, à peu près abandonnées, existaient jadis à Rochefort, autour de Saint-Arnoult, de Roinville et de Sermaise ; l’abandon de ces carrières est d’autant plus regrettable que le chemin de fer de Paris à Tours, par Vendôme, a ouvert pour ces matériaux un débouché immense dans les contrées qui s’étendent de Dourdan à Tours d’une part, et de Chartres à Orléans de l’autre, contrées dépourvues de grès propres aux pavages[1]. Il y aurait là peut-être une source importante de commerce pour le canton de Dourdan.

4o — Au-dessus des sables de Fontainebleau s’étend le calcaire lacustre supérieur ou de Beauce, cet important dépôt laissé comme témoin par le vaste lac de la Beauce[2]. Ce calcaire, qui se présente souvent à l’état de marne à la surface, et qui devient plus compact, plus dur et passe à l’état de pierre en augmentant d’épaisseur, s’est en quelque sorte moulé sur les nombreuses ondulations des sables de Fontainebleau qu’il recouvre, en conservant lui-même sa surface à un niveau à peu près uniforme. Aussi cette assise, qui parfois ne dépasse pas 4 ou 5 mètres de hauteur, atteint souvent 20 mètres dans le canton de Dourdan et quelquefois 30 et 32 mètres de puissance à peu de distance au delà (Eure-et-Loir).

Toutefois, la forme générale de ce dépôt accuse une progression croissante de puissance dans la direction du sud-ouest à partir de Dourdan, tandis qu’au nord et au nord-est de cette ville, c’est à peine si l’on en retrouve çà et là quelques lambeaux qui témoignent d’une très-faible épaisseur d’eau. En sorte que l’on pourrait donner une idée assez exacte de cette formation en disant que l’emplacement occupé par Dourdan était un rivage d’un grand lac d’eau douce, augmentant de profondeur en avançant vers le sud-ouest, tandis qu’au nord et au nord-est il n’existait que des marais à peine submergés par les eaux chargées de matières calcaires. Sur certains points même de cette dernière contrée, les sables plus élevés formaient des îlots ou des promontoires dominant les eaux du lac et n’ont pu recevoir le dépôt calcaire qui les environne, ce qui explique comment, sur certains points, les sables se montrent à une alti-

  1. Si ce n’est, exceptionnellement, auprès de Bonneval (Eure-et-Loir) et à quelque distance de Montoire (Loir-et-Cher), où se montrent quelques roches (notamment les grès Ladères de Bonneval) qui suffisent à peine à une consommation locale très-restreinte.
  2. Voir les Coupes géologiques, fig. 3.