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PERSONNES ET BIENS D’ÉGLISE A DOURDAN AU XIIIe SIÈCLE.

sa construction très-ancienne, un lieu consacré au culte, une dépendance de l’église primitive. Il est beaucoup plus naturel de croire que c’était la cave, le cellier dans lequel les chanoines resserraient le vin des dîmes, tandis qu’à côté se trouvait la grange pour les dîmes de grains.

A l’extrémité orientale de la ville s’élevait le moûtier Saint-Père, au haut de la rue de ce nom, contre l’église Saint-Pierre, sur une éminence qui dominait le faubourg Grousteau et toute la prairie de Dourdan. Là demeuraient les moines de Morigny, l’abbaye étampoise dont la « vigne » symbolique avait étendu ses rameaux jusqu’à la petite ville royale de Dourdan.

Ils desservaient la paroisse qui n’était pas bien considérable : car le pouillé du diocèse de Chartres déjà cité ne lui donne que 36 paroissiens, environ 150 personnes, et ils exploitaient les terres qui dépendaient de l’église, principalement le clos Saint-Père, sis au Puits-des-Champs. Au modeste prieuré attenaient un jardin dans lequel était le cimetière des frères, et quelques vignes en terrasse sur la rue Grousteau. En 1232, un moine qui paraît avoir été un des prieurs du moûtier Saint-Pierre et qui était devenu abbé de Morigny sous le nom de Robert II, dit de Dourdan, jouissait d’une grande réputation de sagesse dans son ordre, et le cartulaire de l’abbaye[1] a conservé les règlements qu’il fit cette année-là pour le bon gouvernement de son couvent.

En 1257, sous l’abbé Nicolas, le vendredi avant la nativité de saint Jean-Baptiste, l’évéque de Chartres, Mathieu, ce prélat célèbre par son humilité et sa vie frugale, accorda un grand privilége au prieuré de Saint-Pierre. Considérant que les ressources dudit prieuré étaient tellement faibles et exiguës, adeo sunt tenues et exiles, qu’elles ne suffisaient pas à payer sans grande gêne le droit de visite ou « procuration annuelle » de l’évêque, il accorda « qu’il ne serait payé à l’avenir, pour ce droit, que trente sols parisis[2]. » Le total porté pour Saint-Pierre aux « estimations » du pouillé était de 10 livres.

Non loin de Saint-Pierre était le faubourg Saint-Laurent, qui avait emprunté son nom à la maladrerie élevée en dehors de la ville, près du chemin des Granges, au pied de la butte de Normont. Dans un repli de terrain exposé au nord et placé dans le courant d’air de la vallée, se dressait l’asile des pauvres lépreux. Un enclos renfermait des vignes et la chapelle, vaisseau oblong sans aucun ornement, percé de trois portes. L’une d’elles donnait accès aux lépreux dans les bancs qui leur étaient réservés, et ouvrait sur un jardin au bout duquel était le triste bâtiment du refuge. Il portait, suivant un titre du temps[3], le nom de Maison de

  1. Voyez Cartul. de Morigny, Robert II, 13e abbé.
  2. Voir cette pièce intéressante dans les Antiquitez de la ville d’Estampes, par le P. Bas. Fleureau. — Paris, 1683, p. 536.
  3. Vide infra.