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DOURDAN SOUS LES GUISES.

Quelques mots, si le lecteur le veut bien, sur les de Lescornay, qui paraissent, à cette époque, jouir à Dourdan de beaucoup de considération et d’influence. Dans une histoire locale, le souvenir des familles importantes du pays trouve naturellement sa place.

Noble homme Toussaincts de Lescornay, marié à noble femme Jehanne de Malicorne, figure au nombre des écuyers et des officiers de la reine Anne de Bretagne. Leur fils, Michel de Lescornay, attaché comme écuyer et sommelier de panneterie bouche, à mesdames la Dauphine et Marguerite de France, est qualifié natif et demeurant à Dourdan, dans son contrat de mariage avec Pasquette Léomont, fille d’honorable homme Mathurin Léomont, sieur du Mont (paroisse d’Aunay) et bourgeois d’Orléans. À ce contrat (13 juin 1538) sont assistants et consentants, du côté du mari, son cousin honorable et sage personne maître Giles Lucas, procureur du roi en tous les siéges royaux de Dourdan ; du côté de la femme, ses frères, maître Guy Léomont, avocat, licencié ès-lois, et Laurent Léomont, marchand, tous deux demeurant à Dourdan, avec son beau-frère, maître Jehan Triffouillet, procureur fiscal audit lieu, dont une rue de Dourdan porte encore aujourd’hui le nom.

Par lettres du 9 août 1543, Michel de Lescornay est exempté de tout subside pour la clôture et fortification de Dourdan, et tout ce qui avait été exigé de lui à cet égard lui est restitué. Nommé sommelier de panneterie de la reine Catherine de Médicis en 1558, c’est Michel que nous avons vu élire pour représenter le tiers-état de Dourdan aux États de 1560. C’est certainement à sa plume intelligente et hardie qu’on doit le cahier des doléances.

Son fils Jehan de Lescornay, sieur du Mont, président en l’élection de Dourdan, reprend, dès 1557, la survivance de l’office de sommelier ordinaire de panneterie de la reine Catherine, et nous avons eu entre les mains bon nombre de certificats revêtus de la masculine signature de l’altière régente, nécessités sans doute par les exigences et les défiances des partis dans ces temps de factions, et attestant que le porteur fait partie des « officiers domestiques et commensaux de la reine, actuellement servant aux gages de 60 écus par an. » C’est lui qui obtient de la duchesse de Nemours la faveur qu’on vient de voir ; nous le retrouverons bientôt à deux époques mémorables de nos annales.

Dourdan reçut alors pour bailli et gouverneur un très-vaillant gentilhomme dont la famille tenait un des premiers rangs dans la contrée, Louis Hurault, chevalier de l’ordre, sieur de Ville-Luysant ou Vauluisant, neveu par sa mère Marie Hurault, et cousin par son père Jacques Hurault, sieur de Saint-Denis, du fameux chancelier Philippe Hurault, comte de Cheverny, lieutenant général de la province[1]. Gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, capitaine de l’une des anciennes com-

  1. Mémoires de Cheverny. — Collection Michaud, 1re série, t. X, p. 484-497.