Page:Chronique de Guillaume de Nangis.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
205
DE GUILLAUME DE NANGIS

père, nous le regardons comme régnant pendant les années qui se sont écoulées jusqu’à son couronnement. Au mois de mars Philippe, roi de France, marcha contre les Aragonais excommuniés par le pape, pour conquérir, s’il pouvait, le royaume d’Aragon, donné à son fils par l’Église romaine.


[1285]

Le mercredi d’après le dimanche de la Résurrection, le pape Martin étant mort, Honoré IV, Romain de nation, cent quatre-vingt-quatorzième pape, gouverna l’Église de Rome. Aussitôt après son élection, il continua au comte d’Artois, occupé dans la Pouille, et à quelques autres, que son prédécesseur le pape Martin avait pris à son service, et employés en divers lieux, la solde que leur avait donnée ledit pape Martin, les garda à son service, et les excita à poursuivre avec ardeur l’entreprise commencée. Des gens affligés de diverses souffrances et maladies étant venus vers le tombeau du pontife de Rome Martin, quatre y recouvrèrent la santé, à la vue de tout le monde. Pierre d’Aragon ayant appris que Philippe, roi de France, s’était mis à la tête d’une armée pour envahir le royaume d’Aragon, et craignant de perdre ce royaume, s’y transporta aussitôt. Comme les Messinais avaient transféré dans un certain château Charles, prince de Salerne, Pierre craignit leur infidélité, et le fit conduire de Sicile en Aragon et garder en ce royaume avec les plus grandes précautions. Vers la fête de la Saint-Jean-Baptiste, Philippe roi de France, attaquant les domaines du royaume d’Aragon, assaillit d’abord la ville d’Elna sur les frontières du Roussillon, qui lui était contraire, et l’eut bientôt détruite entièrement. Il traversa les Pyrénées