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DE GUILLAUME DE NANGIS

leur nom et de leur approche. Don Juan, leur oncle, s’étant rendu vers eux, augmenta beaucoup leurs forces, car il leur fit rendre un grand nombre de châteaux et de villes. Don Juan s’étant précipité témérairement sur les ennemis, et ayant été pris, l’illustre Alphonse, son neveu, ne put le ravoir autrement qu’en rendant toutes ses conquêtes ; c’est pourquoi, entraîné par l’extrême générosité de son cœur, il rendit tout pour lui, s’estimant plus riche de la possession de ses amis que de celle d’une opulence périssable. Se montrant bientôt ingrat pour un si grand bienfait, son oncle se joignit aux ennemis, auxquels il rendit le royaume de Léon, qu’il avait reçu du don de son neveu. Ayant donc tout perdu, Alphonse, au dessus de l’adversité par la magnanimité de son ame, se rappela sa haute origine, car il descendait des rois de France, et ne sachant où se diriger, malgré l’avis des siens qui lui conseillaient de retourner en France ou en Aragon, il alla camper devant une certaine ville, aimant mieux mourir pour la défense de ses droits et la cause de la justice, que de revenir sans gloire et sans honneur. Le seigneur de ce château, témoin de son habileté et ému d’affection, l’introduisit avec ses gens dans la ville et dans la suite, par son secours, Alphonse causa beaucoup de dommages à ses ennemis. Pendant ce temps, Fernand, son frère, allant demander du secours en France, livra combat aux ennemis, et ensuite se rendit de France à la cour de Rome ; mais il rapporta peu d’avantages de ces deux voyages.

Henri, comte de Bar, qui avait pris en mariage la fille d’Edouard roi d’Angleterre, entra en ennemi, avec une grande multitude d’hommes d’armes, dans le