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CHRONIQUE

oubliée, et les prisonniers retenus en Sicile ou ailleurs, délivrés sans rançon. La paix ayant été ainsi conclue et le serment prêté sur les saints Évangiles de Dieu, que Frédéric toucha de sa main, comme firent les grands de Sicile et les principaux du peuple, ils confirmèrent leurs promesses. Charles, comte de Valois, fit absoudre les Siciliens par son chapelain à qui le pape avait confié cette mission, et retourna à Rome où, après avoir rapporté au pape et aux cardinaux ce qu’il avait fait en Sicile, il prit congé d’eux vers la Purification de la sainte Vierge, et s’en revint en France.

En ce temps mourut Othelin, comte de Bourgogne, investi récemment par le roi de la seigneurie du comté d’Artois, au titre de sa femme Mathilde, fille du feu comte Robert, sauf les droits cependant que pouvaient avoir et réclamer sur ledit comté les fils de feu Philippe, frère de ladite Mathilde. Les Bordelais, qui jusqu’alors avaient été soumis au pouvoir du roi de France, ayant appris qu’il avait quitté la Flandre sans y avoir rien fait, et craignant, comme l’affirmaient un grand nombre, à moins que les rois de France et d’Angleterre ne fissent la paix, de retomber sous la domination du roi d’Angleterre, et d’en recevoir ensuite un châtiment pareil à celui qu’ils se rappelaient avoir été infligé, il y avait long-temps, à la cité de Londres, expulsèrent les Français de Bordeaux, et usurpèrent pour leur propre compte la souveraineté de la ville. Le jour de la Cène du Seigneur, les troupes du roi de France tuèrent environ quinze mille Flamands à Saint-Omer en Flandre. À la nouvelle de cette défaite, les autres troupes flamandes qui ravageaient la terre de Jean, comte du Hainaut, qu’il