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DE GUILLAUME DE NANGIS

dant qu’il traversait la cour de ce château, le roi de France le conduisit avec grand honneur, marchant à pied près de lui, par une pieuse humilité, et tenant la bride de son cheval. À la sortie de la cour, Clément fut reçu par Charles et Louis, frères du roi, et par Jean, duc de Bretagne, et conduit de la même manière jusqu’à sa maison. Cependant une si innombrable multitude de peuple étant accourue et s’étant amassée à ce spectacle, un mur, près duquel passaient le pape et sa suite, ébranlé par le poids de la foule qu’il portait, s’écroula avec fracas et si soudainement que le duc de Bretagne en fut atteint, comme sa mort le prouva bientôt, et que Charles, frère du roi, fut grièvement blessé. Le pape eut sa mitre pontificale brisée ainsi que beaucoup d’autres ornemens, et un grand nombre d’autres furent tués ou blessés dangereusement. Ainsi ce jour qui, au premier aspect, n’annonçait que magnificence, joie et transports, amena la confusion de la douleur et des lamentations. Avant que le roi de France ne quittât Lyon, le pape Clément lui donna la permission de faire transporter du monastère de Saint-Denis en sa chapelle à Paris la tête et une des côtes de saint Louis, son aïeul, et à sa prière il rétablit dans leur première dignité les frères Pierre et Jacques Colonne, dégradés depuis longtemps par le pape Boniface du rang de cardinaux. En outre, pour dédommagement des dépenses faites en Flandre, il accorda au roi pour trois ans la dîme des églises et des annates, et investit d’avance ses chapelains et clercs, et ceux de ses frères, des premières prébendes qui viendraient à vaquer dans presque toutes les églises de son royaume. Il engagea, dit-on, le roi à amélio-