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DE GUILLAUME DE NANGIS

plus grande vénération. Leurs prêtres, lorsqu’ils devaient célébrer la messe, ne proféraient aucunement les paroles de consécration, et quoiqu’ils fissent voeu de s’abstenir de femmes, il leur était permis cependant d’avoir commerce entre eux à la manière des sodomites. Le roi de France, le dimanche suivant, dans…….25 du palais royal, fit proclamer ouvertement et publiquement, en présence du clergé et du peuple, tous ces crimes dont on les soupçonnait violemment. Ces crimes, qui paraissent incroyables, à cause de l’horreur qu’ils impriment dans le coeur des fidèles, cependant le grand-maître de l’ordre, conduit au Temple en présence des docteurs de l’Université, les avoua, dit-on, expressément dans la semaine suivante, si ce n’est qu’il assura ne s’être aucunement souillé de la dépravation sodomique, et n’avait pas, dans sa profession de foi, craché sur l’image du crucifix, mais par terre, à côté. On assure qu’il fit savoir à tous ses frères, par un écrit de sa main, que le repentir l’avait conduit à cette confession, et qu’il les exhortait à en faire autant. Il arriva que quelques-uns avouèrent d’eux-mêmes en pleurant une grande partie ou la totalité de ces crimes. Les uns conduits, à ce qu’il parut, par le repentir, les autres mis a la question par différens supplices, ou effrayés par les menaces ou l’aspect des tourmens, d’autres entraînés ou attirés par des promesses engageantes, d’autres enfin tourmentés et forcés par la disette qui les pressait dans leur prison, ou contraints de beaucoup d’autres manières, avouèrent la vérité des accusations. Mais un grand nombre nièrent abso-


25. Il y a ici une lacune.