Page:Chronique de Guillaume de Nangis.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
311
DE GUILLAUME DE NANGIS

avocat principal au parlement, fut de même retenu comme soupçonné du même crime, et enfermé dans un cachot à Sainte-Geneviève à Paris, et mis à la torture. Mais comme on ne put absolument rien arracher de lui sur les accusations dont il était chargé, malgré les divers et cruels tourmens qu’on lui fit subir à ce sujet, on lui permit enfin de se retirer en liberté : cependant un grand nombre de ses biens, tant meubles qu’immeubles, furent donnés à diverses gens, et les autres furent dissipés ou vendus. Marguerite, autrefois reine de Navarre, qui, comme le méritait bien son infâme prostitution, avait été, ainsi que nous l’avons dit plus haut, renfermée dans une prison, entra dans la voie de toute chair, et reçut la sépulture ecclésiastique à Vernon, dans l’église des frères Mineurs. Quant à Blanche, étant restée en prison, elle devint grosse d’un certain serviteur à qui était confié le soin de la garder, quoiqu’on dît aussi que c’était du comte, son propre mari, on de quelque autre. Kaguelin, jeune duc de Bourgogne, frère de la reine Marguerite, quitta ce monde, et son frère lui succéda.

Dans la province de Sens, beaucoup de gens du peuple se liguèrent ensemble, excités, comme on le disait communément, comme malgré eux, et forcés par la nécessité à ce soulèvement, à cause des nombreuses vexations et injustes extorsions que leur faisaient journellement subir, dans les causes qu’ils avaient à la cour de l’archevêque de Sens, l’insolence et l’impudence des avocats et des procureurs de cette cour ; ils se choisirent dans cette multitude toute laïque un roi, un pape, et même des cardinaux, résolus de rendre mal pour mal, et voulant répondre par une