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DE GUILLAUME DE NANGIS

et ils conférèrent secrètement ensemble pendant longtemps. Quoiqu’on ignorât leur entretien, l’effet qui le suivit le révéla très-clairement ; en effet, les deux princes entrèrent tous deux dans la ville, chacun avec son armée, sans avoir livré aucun combat. Philippe, après y être resté pendant quelques jours, reçut de Galéas un sauf-conduit jusques hors du territoire ennemi, et comme lui et son armée manquaient de paie pour avoir des vivres, quoiqu’à regret, après avoir pris conseil de son armée, il s’en retourna en France sans s’être acquis de gloire. Le roi Robert continuait de résider avec le pape à Avignon, quoique les Guelfes et les Génois fussent en proie à de grands dangers.

La même année le comte de Nevers fut accusé d’avoir essayé de faire périr par le poison son père, le comte de Flandre. Ferric de Pecquigny, irrité de ce que ledit comte de Nevers avait fait alliance avec le roi de France, sans lui et sans le seigneur de Renty, amena vers son père un garçon qui le pria en pleurant de lui pardonner le mauvais dessein qu’il avait conçu contre lui, s’étant, disait-il, préparé à lui donner du poison. Le père lui ayant demandé ce qui l’avait poussé à cette action, il répondit : « Votre fils, le comte de Nevers, qui m’avait ordonné d’obéir à frère Gauthier. » Ce frère Gauthier était de l’ordre des Ermites de Saint-Guillaume, et ledit comte le retenait à sa cour. A ces mots, le père fut saisi de trouble, et par sa volonté et celle de son fils Robert, lesdits chevaliers, Ferric de Pecquigny, le seigneur de Fresnes et le seigneur de Réthel tendirent des embûches au seigneur le comte de Nevers, et l’emmenèrent pri-