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DE GUILLAUME DE NANGIS

que les droits les plus légitimes sur ce royaume étaient ceux de sa fille, à qui il appartenait, au titre de son père, qui le dernier de tous était mort dans la possession et investiture desdits droits du royaume et de ses appartenances. Après beaucoup d’altercations de part et d’autre, l’affaire resta pendant quelque temps en suspens.

Vers le même temps, fut saisi Pierre Remy, principal trésorier du feu roi Charles. Il avait été accusé par beaucoup de gens d’avoir en bien des circonstances fait un emploi infidèle des biens du roi et de plusieurs meubles et immeubles ; en sorte que beaucoup et d’importantes personnes soutenaient que ses prodigieuses spoliations avaient fait monter la valeur de ses biens à plus de douze cent mille livres. Comme il possédait un immense trésor, il fut sommé de rendre compte de sa gestion ; et n’ayant pu trouver aucune réponse satisfaisante il fut condamne à être pendu. Etant près du gibet, à Paris, il avoua qu’il avait trahi le roi et le royaume en Gascogne ; c’est pourquoi, à cause de cet aveu, il fut attaché à la queue du cheval qui l’avait amené au gibet ; et aussitôt, traîné du petit gibet à un grand gibet qu’il avait nouvellement fait faire lui-même, et dont il avait, dit-on, donné le plan aux ouvriers avec un grand soin, il fut le premier qui y fut pendu. C’est par un juste jugement que celui qui travaille recueille le fruit de ses travaux. Il fut pendu le 25 d’avril, jour de la fête de saint Marc l’évangéliste, l’an 1328, quoiqu’il eût été pris l’an 1327, peu de temps après la mort du roi Charles.

Vers la fin de cette année à savoir le vendredi