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DE GUILLAUME DE NANGIS

mis,qui levèrent le siège, et campèrent auprès des sources situées à quatre milles de Tibériade. Le troisième jour de juillet, on s’avança au combat, et on se battit avec une très-grande ardeur ; mais la nuit sépara les combattans. Ce jour-là, les nôtres se battirent avec une très-grande force, mais sans pouvoir s’approcher des sources, dont les ennemis s’étaient emparés ; en sorte que pendant ce combat, qui dura tout le jour, ils furent accablés de chaleur et de soif, n’ayant pas d’eau à boire. Le lendemain matin, les ennemis se tinrent prêts, et commencèrent à fondre sur les nôtres, qui n’étaient pas encore préparés au combat ; ce que voyant les princes et les premiers de l’armée, ils allèrent en toute hâte trouver le roi, et délibérèrent en commun sur ce qu’ils avaient a faire. Le roi consulta quelqu’un d’entre les chevaliers qui avaient combattu contre les Turcs sur ce qu’il devait faire dans une si pressante occasion. Celui-ci conseilla de se précipiter de toutes ses forces sur le bataillon où flottait en l’air la bannière de Saladin. Cet avis plut à tout le monde, excepté au comte de Tripoli, par le conseil duquel on s’empara des hauteurs. Ainsi l’utile conseil ayant été rejeté, les nôtres furent accablés par la chaleur et l’éclat du soleil, et écrasés par des pluies de traits. Le comte de Tripoli jeta ses armes, et se sauva dans un château appelé Saphet. Cependant il se fit un déplorable carnage des nôtres ; l’évêque d’Accon, blessé à mort, remit la croix du Seigneur qu’il portait à un autre qui la donna au roi. Le combat s’étant animé, le roi Gui fut pris, et la sainte croix du Seigneur fut emportée par les Turcs. Ce fut le second outrage que souffrit cette sainte croix, à cause de nos