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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/151

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lieu encore de nos jours. Le roi de Perse porte une barbe d’or ; des artistes habiles ont soin de garnir de lames d’or sa barbe naturelle, et c’est dans cet accoutrement qu’il se fait voir comme un phénomène. Gloire à toi, Jésus-Christ ! De combien de faveurs ne nous as-tu pas comblés pour guérir nos âmes ! De combien de folies monstrueuses ne nous as-tu pas délivrés ! Aujourd’hui donc j’élève la voix, non pour vous donner des avis, mais pour vous donner des ordres. M’entende qui voudra, et qu’on me désobéisse, si l’on veut. Mais je vous déclare que, si vous persistez dans votre conduite, je ne la supporterai plus, je ne vous accueillerai plus, je ne vous laisserai plus passer le seuil de ce temple. Qu’ai-je besoin, en effet, de cette multitude de malades que je cherche en vain à guérir de leurs manies ? Paul ne défendait-il pas aussi l’or et les perles ? Eh bien ! nous autres nous servons de risée aux gentils, et nous sommes la fable des païens. C’est aussi pour les hommes que je parle : voulez-vous venir à l’école du Christ, pour y apprendre la science de l’âme ? Déposez d’abord votre faste. C’est aux hommes et aux femmes que je m’adresse, et je ne souffrirai plus qu’on me désobéisse.
Jésus-Christ n’avait que douze disciples. Écoutez ce qu’il leur dit : « Et vous, ne voulez-vous point aussi me quitter ? » (Jn. 6,68) Car, si nous ne cessons de vous flatter, quand vous soulagerons-nous ? Quel progrès ferons-nous ? Mais il y a, dites-vous, d’autres sectes que l’on peut embrasser, en changeant de croyance. Une pareille objection ne me touche pas. « Mieux vaut un seul fidèle faisant la volonté de Dieu, que mille impies ». (Sir. 16,3) Car, je vous le demande, aimeriez-vous mieux avoir une foule d’esclaves fugitifs et voleurs qu’un seul esclave affectionné ? Oui, je vous le conseille et je vous l’ordonne : défaites-vous de ces ornements, de ces vases, donnez-en le prix aux pauvres et corrigez-vous de votre folie. Qu’on se révolte, si l’on veut ; qu’on m’accuse et qu’on me critique, si l’on veut : je n’excuse plus personne. Quand je comparaîtrai devant le tribunal du Christ, vous ne serez pas là pour me défendre, et vous ne pourrez pas me secourir, lorsque je rendrai mes comptes. C’est vouloir me corrompre que de me dire : Cet homme vous abandonnera, il passera à l’ennemi et embrassera une autre secte. C’est une âme faible ; descendez jusqu’à lui et pliez-vous un peu à sa faiblesse. Et jusques à quand faut-il user de condescendance ? C’est bon pour une fois, pour deux ou trois fois tout au plus ; mais ça ne peut pas toujours durer. Je vous le déclare donc de nouveau et je vous le proteste avec saint Paul : Si vous y revenez, je ne vous épargnerai plus (2Cor. 13,2). Quand vous vous serez corrigés, vous verrez tout ce que vous aurez gagné à écouter mes paroles. Je vous prie donc, je vous conjure de vous corriger ; je suis prêt, s’il le faut, à embrasser vos genoux et à me répandre en supplications. Que signifient cette faiblesse, cette sensualité, cette conduite qui outrage Dieu ? Car votre conduite n’est pas pour vous le bonheur ; c’est un outrage envers Dieu. Quelle est cette démence ? quelle est cette folie ? Quoi ! il y a tant de pauvres autour de l’Église, et l’Église qui possède dans son sein tant de riches enfants ne peut venir au secours du pauvre ! L’un meurt de faim, tandis que l’autre est ivre ! L’un emploie l’argent aux plus vils usages, tandis que l’autre n’a pas de pain ! Quelle est cette folie ? Quelle est cette férocité ? A Dieu ne plaise que nous soyons réduits, dans notre indignation, à punir votre désobéissance ! Puissiez-vous au contraire remplir tous vos devoirs avec résignation, avec plaisir, afin que nous vivions pour honorer Dieu, afin que nous évitions les peines de l’autre vie et que nous obtenions le bonheur promis à ceux qui aiment Dieu, par sa grâce et par sa bonté !