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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/224

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2. Des objections qu’on opposait au dogme de la Résurrection. — Sur la métempsycose à diverses erreurs des Grecs. — Images naturelles pour faciliter la foi en la résurrection.

3. Nous ne savons rien de rien, nous ne comprenons rien ; rien n’est impossible à Dieu.

1. Bien des douleurs ne nous viennent que de notre ignorance, à ce point que si nous étions instruits, nous bannirions la tristesse. C’est ce que Paul fait voir par ces paroles : « Je ne veux pas que vous ignoriez, afin que vous ne vous attristiez pas, comme font les autres hommes, qui n’ont pas l’espérance ». Que leur défendez-vous d’ignorer ? Le dogme de la Résurrection, dit l’apôtre. Mais pourquoi ne leur dites-vous pas : Le châtiment réservé à qui ne connaît pas le dogme de la Résurrection ? C’est que c’était chose manifeste et avouée, et qu’à cette pensée du châtiment facile à sous-entendre, il en voulait ajouter une autre aussi très-profitable. Ils croyaient à la résurrection, ce qui ne les empêchait pas de se lamenter, de là les paroles de l’apôtre. Il ne tient pas le même langage aux incrédules, et à ceux dont il s’occupe ici : car évidemment ces derniers, puisqu’ils s’inquiétaient des temps, n’ignoraient pas le dogme.

« Car si nous croyons », dit l’apôtre, « que Jésus est mort et ressuscité et vivant, nous devons croire aussi que Dieu amènera avec Jésus, ceux qui se seront endormis en lui (13) ». Où sont-ils ceux qui ne veulent pas que le Seigneur ait réellement pris notre chair ? Évidemment, s’il ne s’est pas incarné, il n’est pas mort ; mais, s’il n’est pas mort, il n’est pas ressuscité. Que deviennent les raisons que l’apôtre nous donne pour nous porter à la foi ? Faut-il n’y voir, comme font les contradicteurs, qu’une frivole imposture ? Car si la mort est le fait du péché, comme le Christ est sans péché, que deviennent les exhortations de l’apôtre ? Et maintenant pourquoi dit-il encore : « Comme font les autres hommes qui n’ont pas l’espérance ? » C’est comme s’il disait : Que pleurez-vous, ô hommes ? sur qui vous affligez-vous ? sur les pécheurs, ou simplement sur tous ceux qui meurent ? Et ceux qui n’espèrent pas en la résurrection, que pleurent-ils eux-mêmes, puisque tout est néant pour eux ? « Le premier-né », dit l’apôtre, « d’entre les morts » (Col. 1,18), c’est-à-dire les prémices. Donc, puisqu’il y a des prémices, il faut qu’il y ait une suite. Maintenant voyez, l’apôtre s’abstient ici de raisonnements, parce qu’il s’adressait à des âmes bien disposées. Mais quand il écrit aux Corinthiens, il développe les preuves et il ajoute : « Insensés que vous êtes, ce que vous semez ne se vivifie-t-il pas ? » (1Cor. 15,36) Son langage d’aujourd’hui avec les Thessaloniciens, convient mieux, à la condition de s’adresser à des fidèles : les mêmes paroles, aux gentils, quelle efficacité auraient-elles pu avoir ?

« Nous devons croire aussi », dit l’apôtre, « que Dieu amènera, avec Jésus, ceux qui se seront endormis en lui ». Encore, « ceux qui se seront endormis » ; il ne dit jamais, les morts. À propos du Christ, il lui a bien fallu dire « est mort », avant de dire qu’il est ressuscité ; mais ici : « Ceux qui se seront endormis en Jésus ». Ou il faut entendre, par ces paroles, ceux qui se sont endormis ayant la foi dans Jésus, ou l’apôtre déclare que Dieu, par le moyen de Jésus, réunira ceux qui se seront endormis, à savoir les fidèles. Ici les hérétiques prétendent qu’il s’agit de ceux qui ont reçu le baptême. Mais alors que signifie le : Nous devons croire « aussi ? » En effet, Jésus ne s’est pas endormi dans le baptême. Pourquoi donc l’apôtre dit-il : « Ceux qui se seront endormis ? » C’est qu’il ne parle pas d’une résurrection universelle, mais d’une résurrection particulière. « Dieu amènera, avec Jésus, ceux qui se seront endormis avec lui », dit l’apôtre, et c’est sa manière de parler dans un grand nombre d’endroits.

« Ainsi nous vous déclarons, comme l’ayant appris du Seigneur, que nous, qui sommes vivants, et qui sommes réservés pour son avènement, nous ne préviendrons point ceux qui sont dans le sommeil (14) ». C’est en parlant des fidèles qu’il dit encore : « Ceux qui se seront endormis avec le Christ ». Ailleurs : « Les morts ressusciteront ». Ensuite, ce n’est plus seulement de la résurrection qu’il traite, mais, et de la résurrection, et du degré d’honneur au sein de la gloire. Tous jouiront de la résurrection, dit-il ; quant à la gloire, tous n’y participeront pas, mais ceux qui se seront endormis « avec le Christ ». Donc l’apôtre, jaloux de les consoler, ne les console pas seulement par la résurrection, mais par tous les honneurs qui les attendent, et par la brièveté du temps qui les en sépare ; ce qu’il fait, parce qu’ils connaissaient le dogme de la Résurrection. La