Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 2, 1864.djvu/286

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pas ainsi. Rendons encore ceci plus clair. Les apôtres avaient violé le sabbat en arrachant des épis pour manger ; Jésus-Christ le viole maintenant, les Juifs l’accusent, comme ils avaient accusé les disciples. Voyons comment il les justifie, et se justifie lui-même ; la différence vous montrera quelle est la valeur de son apologie. Comment les défend-il ? N’avez-vous pas lu ce que fit David lorsqu’il fut pressé de la faim? (Mat. 12, 3) Quand il défend les serviteurs, il apporte l’exemple d’un serviteur, de David. Quand il se justifie lui-même, il invoque son Père. Mon Père agit, et j’agis aussi. Et que fait-il ? demandez-vous, car après six jours Dieu se reposa de tous ses ouvrages. (Gen. 2, 2) Il exerce sa Providence de chaque jour. Il n’a pas seulement créé, il conserve encore les créatures, les anges, les archanges, les puissances d’en haut, en un mot, toutes les choses visibles et invisibles sont réglées par sa Providence ; sans ce secours efficace tout s’en va, se dissipe et périt. Jésus-Christ voulant montrer qu’il gouverne par, sa Providence et n’est pas gouverné, qu’il est créateur et non créature, dit : Mon Père agit, et j’agis aussi ; il indique par là qu’il est égal au Père.
5. Souvenez-vous de ces vérités ; conservez-les avec soin ; à une doctrine pure, joignez une conduite irréprochable. Je vous rappelle ce que je vous ai déjà dit, et je vous le redirai encore. Un moyen puissant pour acquérir la sagesse et la vertu, c’est de venir souvent ici. Une terre inculte que personne n’arrose, se couvre de ronces et d’épines ; travaillée par la main du laboureur, elle germe, fleurit, et produit des fruits abondants. Ainsi, l’âme qui est arrosée par la parole divine, germe, fleurit et produit en abondance les fruits du Saint-Esprit ; mais l’âme inculte, délaissée, privée de la rosée céleste, se couvre d’épines et de plantes sauvages, c’est-à-dire de péchés. Or les épines sont le repaire des dragons, des serpents, des scorpions et de toutes les puissances infernales. Si ces paroles ne vous convainquent pas, comparons-nous à ces âmes délaissées, et vous verrez quelle différence. Ou plutôt examinons ce que nous sommes quand nous jouissons de la grâce, et ce que nous valons quand nous en sommes privés depuis longtemps. Ne perdons pas cet avantage ; l’assistance à l’église nous procure toute sorte de biens. Au retour, l’homme paraît plus respectable à sa femme, et la femme plus aimable à son mari. Car c’est la vertu de l’âme et non la beauté du corps qui rend une femme aimable, c’est la tempérance, la douceur, la crainte de Dieu et non le fard, l’or ou les vêtements précieux. C’est ici dans cette sainte assemblée, que nous pouvons acquérir cette beauté spirituelle ; ici les prophètes et les apôtres purifient, ornent, éloignent la vieillesse du péché, ramènent la vigueur de la jeunesse, font disparaître toutes les rides, toutes les taches de nos âmes. Hommes et femmes, efforçons-nous donc tous d’obtenir cette beauté.
La beauté du corps, la maladie la flétrit, le temps la ternit, la vieillesse la détruit peu à peu, la mort l’anéantit complètement ; pour celle de l’âme, ni le temps, ni la maladie, ni la vieillesse, ni la mort, rien ne peut l’enlever : elle est immortelle. Celle du corps est souvent une occasion de péché ; celle de l’âme conduit à Dieu, comme dit le Prophète en s’adressant à l’Église : Écoutez, ma fille, et voyez, et prêtez l’oreille ; oubliez votre peuple et la maison de votre père, et le Roi sera épris de votre beauté. (Psa. 44, 11) Afin de mériter l’amitié de Dieu, ayons bien soin de conserver cette beauté ; enlevons toutes les taches par la lecture des saintes Écritures, par la prière, par l’aumône et la concorde. Alors le roi, charmé de la beauté de notre âme, nous donnera le royaume céleste. Puissions-nous l’obtenir tous par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui, avec le Père et le Saint-Esprit, soit la gloire, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. Cette Homélie et les dix qui précédent ont été traduites par M. l’abbé L. A***, professeur au collège de Saint-Dizier.