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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/148

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saints Livres répètent le même précepte eu plusieurs endroits ; et ceux qui sont sauvés croient témoigner avec éclat leur reconnaissance en offrant ce genre de sacrifice. Et qu’y a-t-il là de difficile ? dira-t-on ; n’est-il pas aisé au premier venu d’en faire autant, de louer Dieu ? Pour peu que vous prêtiez une exacte attention vous verrez à la fois et la difficulté attachée à cette offrande et le profit qu’on en retire. D’abord c’est aux justes que sont demandés les hymnes de ce genre : avant de les chanter à Dieu, il faut commencer par bien vivre. « Il n’y a pas de belle louange dans la bouche d’un pécheur. » (Sir. 15,9) En second lieu, comme il y a deux manières de louer, Soit en paroles, soit en actions, c’est la dernière que Dieu recherche surtout ; telle est la glorification qu’il préfère. « Que votre lumière brille devant les hommes, afin qu’ils voient vos belles actions, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. » (Mt. 5,16) Telles sont les louanges des Chérubins. Et voilà pourquoi le Prophète, qui a entendu cette mélodie mystique, accuse sa propre misère, en disant : malheureux que je suis ! « Homme, ayant des lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple qui a des lèvres impures. » (Is. 6,3) Aussi le Psalmiste, quand il prescrit d’offrir des louanges, commence-t-il par les puissances d’en haut, en disant : « Louez le Seigneur du haut des cieux, louez-le, vous tous qui êtes ses anges. » (Ps. 148,1-2) Il faut donc devenir un ange et ensuite chanter la louange. Ne voyons donc pas en cela un éloge ordinaire : avant notre bouche, il faut que notre vie résonne ; avant notre langue, notre conduite doit faire entendre sa voix. De cette façon, jusque dans le silence nous pouvons louer Dieu : de cette façon, si notre voix s’élève, elle formera avec notre vie un concert harmonieux. Mais ce n’est pas la seule chose qui soit à considérer dans ce psaume : remarquez encore que tous les hommes y sont invités à concerter ensemble à former un chœur universel. Car ce n’est pas à une ni à deux personnes que s’adresse le Psalmiste, c’est au peuple tout entier. Le Christ nous invite à la concorde et à la charité, en nous prescrivant de faire en commun nos prières, et de nous confondre dans l’Église entière devenue comme une seule personne, en disant : « Notre Père, donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien. Remettez-nous nos offenses comme nous les remettons : et ne nous induisez pas en tentation, mais délivrez-nous du mal. » Partout il emploie le pluriel ; et il prescrit à chaque fidèle en particulier, soit qu’il adresse sa prière isolément ou en commun, de prier en même temps pour ses frères. De même le Prophète invite tous les hommes à un concert de prières, et dit : « Louez le nom du Seigneur. » Que fait ici : « Le nom : » sans doute ce mot exprime la ferveur de la personne qui parle : mais il fait entendre quelque chose de plus, à savoir, que le nom du Seigneur soit glorifié par notre entremise, que notre vie même montre qu’il est digne d’hommages : il l’est en réalité : mais Dieu veut que notre conduite même rende cette vérité sensible. Que si vous voulez vous en convaincre, voyez la suite. « Que le nom du Seigneur soit béni dès ce jour et jusque dans l’éternité (2). » Qu’est-ce à dire, pour qu’il soit béni ? votre souhait est-il nécessaire ? voyez-vous qu’il ne s’agit pas ici de la bénédiction attachée naturellement à Dieu, mais de celle qui s’exprime par l’entremise des hommes ? C’est au sujet de cette dernière que Paul écrit pareillement : « Glorifiez Dieu dans votre corps et dans votre esprit. » (1Cor. 6,20) Par lui-même Dieu est grand, sublime, digne de toute louange : parmi les hommes, il devient tel quand ses serviteurs offrent le spectacle d’une vie capable d’appeler sur son nom les bénédictions de tous ceux qui les voient. Le Christ nous ordonne la même chose, lorsqu’il nous recommande de répéter toujours dans nos prières : « Que votre nom soit sanctifié. » (Mt. 6,9) C’est-à-dire que notre vie même le glorifie. En effet, si nous le blasphémons en vivant mal, nous le glorifions, le bénissons, le sanctifions, en pratiquant la vertu. Voici le sens de ces paroles : accordez-nous de passer toute notre vie dans la vertu, afin que nous contribuions aussi à faire de votre nom un objet de bénédictions. « Du lever du soleil à son couchant, louable est le nom du Seigneur (3). » Voyez-vous comment il annonce en quelque sorte la cité nouvelle, et fait entrevoir dès lors la noblesse de l’Église. Ce n’est plus seulement de la Palestine, de la Judée qu’il est ici question, mais de toutes les contrées de la terre. Or quand cela s’est-il vu, sinon depuis les progrès de notre foi ? Dans l’ancien temps, le nom de Dieu, loin d’être béni en Palestine ; était encore blasphémé à