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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/174

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a coutume de s’exprimer ainsi, même dans les choses qui n’admettent pas de comparaison, pour condescendre à la faiblesse de ceux auxquels elle s’adresse. Le Psalmiste n’a donc pas voulu établir une comparaison, mais simplement s’abaisser jusqu’à notre intelligence. C’est dans le même sens qu’un autre prophète a dit : « Maudit soit l’homme qui met sa confiance en l’homme ! » (Jer. 17,5) Rien n’est plus faible, en effet, que cette espérance. Une toile d’araignée offrirait plus de ressource. Cette espérance n’est pas seulement faible, elle est encore dangereuse. J’en prends à témoin ceux qui se sont souvent confiés dans les hommes avec lesquels ils ont été accablés. La confiance en Dieu n’est pas seulement solide, mais elle est sûre et à l’abri de tout changement. Aussi saint Paul proclamait que l’espérance en Dieu ne trompe jamais ; et dans un autre endroit la sagesse s’exprime ainsi : « Considérez tout ce qu’il y a d’hommes parmi les nations et voyez s’il y en a un seul qui ait espéré dans le Seigneur et qui ait été confondu. » (Sir. 11,11) Mais moi, direz-vous, j’ai espéré en vain. Voilà une bonne parole, mes frères, mais elle ne contredit en rien la sainte Écriture. En effet, si vous avez été confondus, c’est que vous n’avez pas espéré comme il fallait, que vous avez cessé d’espérer, que vous n’avez pas attendu la fin, que vous avez été faibles. Agissez autrement désormais, et quand vous serez sous le poids des malheurs ou des difficultés, ne perdez pas courage, car l’espérance consiste surtout à demeurer fermes au milieu des maux et des périls les plus grands.
3. Quel malheur comparable à celui de ces barbares Ninivites ! Ils étaient déjà enlacés dans les filets de leurs ennemis, la ruine de leur ville était imminente : néanmoins, ils ne perdirent pas courage, mais ils donnèrent les plus grands signes de pénitence et ils obtinrent que Dieu révoquât sa sentence. Voilà qui nous montre bien la vertu de l’espérance. Et croyez-vous que dans le ventre de la baleine le Prophète ne songeait pas encore et au temple, et à son retour dans la ville de Jérusalem ? (Jon. 2,5) Vous aussi, fussiez-vous aux portes de la mort et exposés de toutes parts aux plus grands périls, ne désespérez pas, car Dieu sait dans les circonstances même les plus difficiles trouver une heureuse issue. C’est ce qui a fait dire à la sagesse : « Du matin au soir il y a de nombreux changements et tout cela est faible aux yeux de Dieu. » (Sir. 18,26) Rappelez-vous l’histoire de ce tribun mourant de faim au milieu de l’abondance la plus grande. (2R. 7,2) Et celle de la veuve qui était dans l’abondance malgré sa pauvreté. (1R. 17,2 et suiv) Plus la misère dans laquelle vous vous trouvez est extrême, plus vous devez espérer. Car le moment que Dieu choisit de préférence pour montrer sa puissance, ce n’est pas aussitôt que commencent nos épreuves, mais c’est lorsque tout semble désespéré. C’est alors le vrai temps du secours de Dieu. Aussi voyons-nous qu’il ne délivra pas d’abord les trois jeunes hommes de Babylone, mais seulement après qu’ils eurent été jetés dans la fournaise. (Dan. 3,93) Ni Daniel avant qu’il eût été mis dans la fosse aux lions, mais seulement sept jours après. (Dan. 14,39, 40) Il ne faut pas faire attention à la nature des choses qui ne peut que jeter dans le désespoir, mais à la puissance de Dieu qui amène à bonne fin ce qui paraissait sans ressource. C’est ce que veut nous montrer le Psalmiste en même temps que nous faire comprendre les ressources de la puissance divine qui peut délivrer ceux qui sont tombés dans les plus grands maux dont ils sont accablés et comme écrasés, quand il ajoute : « Toutes les nations m’ont assiégé (10). » Comprenez-vous l’imminence du danger ? Il ne s’agissait pas de livrer une bataille, de résister aux ennemis d’un seul pays, mais le Roi-Prophète était cerné et comme enveloppé d’un filet ou comme pris dans un piège ; et cela, non par un, par deux ou par trois ennemis, mais par toutes les nations réunies. Et cependant tous ces biens, malgré leur nombre et leur force, sont brisés par la confiance en Dieu. « Mais je les ai repoussées au nom du Seigneur. Elles m’ont assiégé et environné et je les ai repoussées au nom du Seigneur (11). « Elles m’ont toutes environné, comme des abeilles le rayon de miel, et elles se sont embrasées comme un feu qui a pris à des épines, mais je les ai repoussées au nom du Seigneur (12). »
Comme le Psalmiste nous dépeint bien la grandeur de son infortune ! Il ne s’est pas contenté de dire : « Elles m’ont environné », mais il les compare à des abeilles et au feu dans les épines. Les abeilles indiquent une grande vivacité dans l’action et les épines une