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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/176

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éclater sa puissance », il a ajouté : « La droite du Seigneur m’a élevé », pour faire ressortir la gloire qui avait rejailli sur lui. Car, « m’a élevé » signifie, m’a comblé de gloire, et c’est ainsi que Dieu donne non seulement la force, mais encore la grandeur. – « Je ne mourrai point, mais je vivrai, et je raconterai les œuvres du Seigneur (17). »
Les périls me menaçaient de la mort, mais j’ai dit : « Je ne mourrai point, mais je vivrai. » C’est-à-dire, la puissance du Seigneur est si grande que même avant la Nouvelle Loi, il a délivré de la mort au milieu de périls qui ne laissaient plus d’espoir, préconisant ainsi d’avance la résurrection future dont il nous a du reste donné une image dès l’origine en enlevant Hénoch au ciel. (Gen. 5,21) Si vous ne croyez pas possible la résurrection des morts, que ce fait vous serve de preuve. Comment, en effet, ce corps a-t-il pu subsister aussi longtemps ? Car il y a bien de la différence entre relever une maison qui tombe eu ruines et conserver autant de temps celle qui s’écroule de vétusté. Ne songez-vous donc point que le Seigneur a créé l’homme qui n’existait pas ? A plus forte raison pourra-t-il le rendre à la vie. Nous avons encore une autre figure de la résurrection dans l’enlèvement d’Élie qui n’est pas encore mort. (2R. 2,11) Pour Dieu, tout se fait vite et facilement. « Il n’y a rien d’impossible à Dieu », dit l’Évangéliste (Lc. 1,37) ; et le Prophète : « Tout ce qu’il a voulu, il l’a fait. » (Ps. 113,11) Le travail d’un artisan quelconque ne vous serait-il pas impossible ? Néanmoins vous vous inclinez devant sa science. Et ainsi, tandis que vous consentez à vous soumettre, devant l’habileté de votre semblable, vous voulez contrôler les couvres de la sagesse du Seigneur, et pour ne pas les admettre, vous refusez un acte de foi. Quelle folie ! « Je ne mourrai pas, mais je vivrai. » On peut, sans crainte de se tromper, entendre ces paroles dans le sens anagogique, car bien qu’elles aient été dites de la résurrection, « Je ne mourrai pas » signifiant que la mort n’est pas une mort véritable, elles veulent dire aussi dans une acception différente, « Je ne mourrai pas » d’une seconde mort. C’est dans ce dernier sens que le Christ disait : « Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, quand il serait mort, vivra, et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. » (Jn. 11,25-26)
« Et je raconterai les œuvres du Seigneur. » Voilà principalement en quoi consiste la vie Lover Dieu et annoncer à tous ses merveilles. De quelles œuvres s’agit-il ici, je vous prie ? De celles qui vont être rapportées : « Le Seigneur m’a châtié pour me corriger, mais il ne m’a point livré à la mort (l8). » Comme on voit apparaître les œuvres admirables du Seigneur et l’utilité que nous en retirons ! David ne rend pas seulement grâces à Dieu de ce qu’il a été délivré, mais il regarde même sa chute comme un très-signalé bienfait et la tentation comme un avantage en disant : « Le Seigneur m’a châtié pour me corriger. » Car l’utilité de la tentation consiste en ce qu’elle nous rend meilleurs. Admirons la puissance de Dieu et le soin qu’il prend de nous. Il a permis que David fût accablé de maux, puis il l’a délivré, car, dit ce saint roi, « il ne m’a pas « livré à la mort. » Ou, selon la belle interprétation d’une autre version : « Il ne m’a pas « donné à la mort. » Paroles qui nous font bien voir que tout dépend de sa puissance. Et ainsi David a été sauvé deux fois, d’abord des maux du corps, et ensuite du péché. C’est pourquoi saint Paul disait aux Hébreux dans son épître : « Si vous n’êtes point châtiés, tous les autres l’ayant été, vous êtes donc des bâtards et non des enfants légitimes. » (Héb. 12,8) – « Ouvrez-moi les portes de la justice afin que j’y entre et que je rende grâces au Seigneur (l9). » Les portes s’ouvrent à ceux qui sont châtiés, qui déposent le fardeau de leurs péchés.
5. Celui qui a été châtié peut dire avec assurance, « ouvrez-moi les portes de la justice. » Il faut prendre ces paroles dans le sens anagogique et les entendre des portes du ciel qui demeurent fermées aux méchants et qui ne s’ouvrent qu’à la vertu, à l’aumône et à la justice. – « C’est là la porte du Seigneur, et les justes entreront par elle (20). » Il y a les portes de la mort, les portes de la perdition, et les portes de la vie, les portes étroites et difficiles. Comme il y a plusieurs portes, le Prophète fait connaître ce qui distingue la porte du Seigneur en ajoutant « C’est là la porte du Seigneur. » Les premières ne sont pas du Seigneur. Mais quelle est la marque de celle du Seigneur ? – C’est qu’elle s’ouvre pour ceux qui sont châtiés et affligés, car elle est étroite et basse. Or, si elle est basse, ceux qui sont affligés et opprimés entrent par