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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/186

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et comme en toutes circonstances ils annoncent la providence de Dieu ! Ce n’est pas sans motif que le Psalmiste a ajouté : « Qui a fait le ciel et la terre. » Mais il y a dans ces paroles un raisonnement caché qui revient à dire : Si Dieu a fait le ciel et la terre, il peut, même dans une terre étrangère, porter secours et tendre partout, jusque dans un pays barbare, une main secourable ; comme aussi, conserver ceux qui ont été chassés de leur patrie. Si une seule parole lui a suffi pour produire tous ces éléments, à plus forte raison pourra-t-il nous délivrer de nos ennemis. Voyez, depuis qu’ils sont dans un pays étranger, avec quelle sagesse raisonnent ceux qui avaient moins d’intelligence que des pierres. Ils ne songent plus à leur temple, mais au ciel et à la terre. Admirons comment ils proclament la création du monde, la sagesse de Dieu et sa providence. Ceux qui un peu auparavant disaient au bois : « Vous êtes mon Dieu », et à la pierre : « Vous m’avez donné la vie (Jer. 2,27) », reconnaissent aujourd’hui le Créateur de tout l’univers. Mon secours me doit venir du Seigneur et non des hommes, ni du nombre des chevaux, ni des richesses, ni de la fidélité des alliés, ni de la force des remparts. Notre secours nous doit venir du Seigneur, c’est une assistance insurmontable, une protection invincible, et non seulement invincible, mais encore prompte et facile. Il est tout près de nous et il ne faut, pour l’obtenir, ni flatter les gardiens de la maison, ni dépenser de grandes sommes, ni envoyer des ambassades, mais chacun peut, sans sortir de sa maison, en être favorisé, en le demandant à Dieu avec un cœur détaché des choses humaines et plein de confiance, pourvu qu’il ait les regards fixés sur le ciel. C’est afin de nous faire sentir la nécessité de nous détacher des choses sensibles pour nous élever plus haut, que Dieu a créé l’homme droit, à l’exclusion des autres animaux, et qu’il lui a placé les yeux à la partie supérieure du corps. Il n’y a que lui, en effet, qui soit fait de la sorte, car les autres animaux sont courbés vers la terre, et ils ont le regard tourné en bas. L’homme au contraire se dresse vers le ciel afin d’en contempler les objets, de les méditer, de les approfondir et de rendre ainsi plus pénétrants les yeux de son âme. C’est ce qui faisait dire à la sagesse : « Les yeux du sage sont à la tête. » (Qo. 2,14) C’est-à-dire qu’il est affranchi de tous les objets terrestre, il vit dans le ciel pour en contempler les merveilles. « Ne permettez donc point, ô enfant d’Israël, que votre pied soit ébranlé. Et que celui qui vous garde ne s’endorme point (3). » Quelle diligence ces paroles exigent de nous ! Comme les Juifs se sont souvenus du secours de Dieu et qu’ils implorent son assistance, le Prophète vient les aider de ses conseils, leur disant en quelque sorte : Si vous voulez être exaucés, faites tout ce qui dépendra de vous. Mais que leur recommande-t-il ? Écoutez : « Ne permettez point que votre pied soit ébranlé. » C’est-à-dire, ne soyez point renversés ni abattus et vous verrez Dieu vous tendre la main, et il ne vous délaissera pas, il ne se retirera pas de vous. Tout dépend donc de nous, et le succès est en notre pouvoir. Mais puisqu’il en est ainsi, si nous voulons obtenir quelque chose, nous ne devons rien négliger, car telle est la volonté de Dieu ; quelque faibles et de peu d’importance que soient nos efforts, nous devons les faire valoir, et ne pas rester oisifs, engourdis, mous et abattus, mais agir et employer tous nos soins pour notre salut. C’est ce qui est signifié par les ouvriers de la onzième heure. (Mt. 20,6) Et si vous me demandez ce qu’ils pouvaient faire de si important à la onzième heure, je vous répondrai que leur travail devait être l’occasion et la cause de leurs couronnes, et voilà pourquoi David ajoute : « Ne permettez donc pas que votre pied soit ébranlé, et Celui qui vous garde ne s’endormira point. » Faites ce que vous pourrez, et Dieu fera le reste. Il résulte également de ce qui précède que, malgré nos efforts, nous avons besoin du secours de Dieu pour être en sûreté et pour demeurer fermes et solides.
2. Mais quel est l’homme dont le pied est ébranlé, sinon celui qui se porte vers les objets passagers, qui ne reposent sur rien de solide ? Tel, l’amour de l’argent, le désir des choses qui ont rapport à cette vie. C’est pourquoi il est souvent renversé et abattu et il court de grands dangers au sujet des choses les moins importantes. C’est qu’en effet les choses du monde ne sont jamais stables ni immobiles ; mais toujours elles changent, elles sont en mouvement ; elles sont plus agitées que les flots, elles passent plus vite que la pluie qui tombe, elles offrent moins de consistance que le sable et elles se répandent plus promptement. « Assurément, celui qui garde Israël ne