Aller au contenu

Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

autre leçon porte : « Je me suis réjoui lorsqu’on m’a dit : Nous allons dans la maison du Seigneur. Nos pieds sont arrêtés à tes portes, ô Jérusalem ! » Quelle allégresse extraordinaire ! On croirait les voir déjà en possession de ce qu’ils souhaitent si ardemment, tant ils se réjouissent d’en parler, embrassent de leurs désirs la maison de prière et la ville sainte. C’est ainsi que Dieu a toujours coutume d’agir : quand nous ne savons pas apprécier les biens que nous possédons, il les arrache de nos mains, afin que la privation opère ce que l’usage n’a pu faire. Aussi les Juifs remis en possession de leur ville et de leur temple rendent de grandes actions de grâces pour avoir recouvré leur patrie. « Jérusalem qui est bâtie comme une ville ; » ou bien : « Jérusalem bâtie comme une ville. » Selon les Septante, il s’agit ici du temps qui a précédé la construction de Jérusalem et il faut traduire : « Jérusalem sera bâtie comme une ville. » – Selon un autre interprète, il est question de ce qui est arrivé après la captivité et on doit lire : « Nous avons recouvré a Jérusalem bâtie comme une ville. » Comme il régnait alors une solitude extrême dans la ville sainte qui n’offrait que des ruines, en sorte que ses tours rasées, ses murailles abattues ne présentaient plus que des vestiges de l’ancienne patrie, les Juifs, en voyant à leur retour une pareille désolation, se souviennent de la prospérité d’autrefois ; ils racontent les splendeurs du passé et rapportent comment a été réduite à un état si honteux, celle qui était autrefois magnifique et illustre, qui possédait un temple, des princes, des rois et des pontifes, qui était la plus belle et la plus ornée. Si vous doutez qu’il en fût ainsi, écoutez ce qui suit : « Jérusalem qui est bâtie comme une ville. » Donc, ce n’était plus une ville alors, et cette vérité ressort encore de ce qui suit : « Dont toutes les parties sont dans une parfaite union entre elles. » Ces paroles indiquent qu’avant la captivité il y avait des édifices nombreux, solides et bien disposés, en sorte qu’ils présentaient un ensemble compacte et harmonieux et servaient de retraite à une population immense. Et c’est ce qu’a voulu faire entendre un autre interprète quand il a dit de Jérusalem qu’elle était « parfaitement unie. » Voici d’autres attributs de Jérusalem qui proclament sa gloire : « C’est là que sont montées toutes les tribus, les tribus du Seigneur, comme les témoins et les députés d’Israël, pour y célébrer les louanges du nom du Seigneur (4). » Ce qui en effet faisait une des plus belles gloires de la cité, c’était moins sa grandeur et ses édifices, que parce qu’elle était le centre où tout aboutissait, soit qu’il s’agît d’un conseil, d’une assemblée sainte ou d’une délibération sur un sujet quelconque. C’est qu’en effet là était le temple où s’accomplissaient tous les rites, toutes les cérémonies ; là étaient les prêtres, les lévites, la demeure royale, le sanctuaire, les vestibules, et l’autel des sacrifices, et les fêtes, et les grandes assemblées, et les prières, et les lectures publiques, et pour tout dire en un mot, là résidait tout ce qui constituait la forme du gouvernement. Et voilà pourquoi toutes les tribus devaient s’y réunir principalement trois fois par an, aux fêtes publiques et solennelles de Pâques, de la Pentecôte et de la Scénopégie ou des Tabernacles. Et il n’était pas permis d’aller ailleurs. C’est donc pour célébrer cette prérogative glorieuse de Jérusalem que le Psalmiste s’écrie : « C’est là que sont montées toutes les tribus. » Ou, « que sont montés tous les sceptres », selon une autre version. Et remarquez que le Prophète n’a pas dit simplement « toutes les tribus », mais, « toutes les tribus du Seigneur. » Bien que toutes les tribus appartinssent au Seigneur, il ne leur était pas permis d’exercer clans leur pays les actes dont nous venons de parler. – C’était un privilège réservé à la métropole qui rassemblait tout et attirait tout à elle.
2. Il en était ainsi afin que les Juifs eussent une raison de connaître Dieu ; car, dispersés çà et là, ils auraient pu être portés à l’idolâtrie et s’engager dans le culte des fausses divinités. C’est pourquoi le Seigneur leur ordonna de s’assembler à Jérusalem pour y célébrer leurs fêtes, sacrifier et prier, afin que leurs dispositions au vagabondage et à t’impiété fussent ainsi limitées, comprimées et retenues. Tel est le sens de ces paroles : « Les tribus du Seigneur, comme les témoins et les députés d’Israël. » Que signifient ces « témoins d’Israël ? » C’est-à-dire, le témoignage le plus grand, la marque évidente de la Providence divine, en sorte qu’il n’était plus possible d’excuser ceux qui abandonneraient leur Dieu pour courir aux idoles, car le Seigneur ne pouvait pas donner une preuve plus éclatante de sa providence, de sa puissance et de sa sagesse. C’est là, en effet, qu’on lisait la Loi contenant