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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/200

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à persévérer dans la vertu, puisque c’est le moyen de jouir à jamais de son secours et de conserver nos biens. Il résulte de là, en effet, qu’il ne tient qu’à nous d’avoir la paix et de n’être pas dépouillés. Ici « la verge des pécheurs », signifie le règne de nos ennemis et ce verset peut s’entendre ainsi : il ne permettra pas que les pécheurs s’emparent de l’héritage des justes. Si parfois le contraire a lieu pour un temps, c’est à titre de correction, de châtiment et de leçon. « De peur, que les justes a n’étendent la main vers l’iniquité. » Ou bien : « C’est pourquoi les justes n’étendent point les mains vers l’iniquité. » Comme il a été dit que le Seigneur les défendrait, les vengerait ; repousserait leurs ennemis, et les maintiendrait dans leurs possessions, le Psalmiste semble ajouter maintenant : Châtiés par les épreuves et rendus meilleurs par les biens qu’ils auront reçus, les justes auront, pour persévérer dans la vertu, un double motif qui les préservera du mal. Tout a donc été fait pour rendre leur âme meilleure ; l’adversité a servi à la corriger, et les faveurs reçues à augmenter son zèle. – « Faites donc du bien, Seigneur », ou bien, « accordez vos bienfaits à ceux qui sont bons et dont le cœur est droit (4). » – Mais pour ceux qui se détournent dans les voies obliques, le Seigneur les joindra à ceux qui commettent l’iniquité (5). » C’est ainsi qu’en toute circonstance les biens que nous recevons, les châtiments que nous encourons, dépendent de nous. Toutefois, la bonté de Dieu n’en brille pas avec moins d’éclat, car elle triomphe de nos résistances par des récompenses qu’elle nous distribue avec une largesse extraordinaire. Tombons-nous en faute ? elle ne nous inflige qu’une faible peine ; tandis qu’elle paye le bien que nous avons fait par une récompense infiniment au-dessus de nos mérites.
Par « cœurs droits » on entend ici les cœurs simples, ennemis de la dissimulation, ignorant les détours ou les feintes. Dieu attache un tel prix à la droiture que partout il la met en première ligne. Telle est aussi la vertu, simple et franche, contrairement au vice qui est hideux, ami des détours et de l’obscurité. Des exemples feront mieux ressortir la chose. Voyez celui qui veut monter et dresser des embûches : que d’essais, que de tentatives variées, de discours trompeurs ! quel artifice ! quelle éloquence ! Chez celui qui dit la vérité, au contraire, il n’y a ni travail, ni difficulté, ni feinte, ni art, ni fourberie, ni rien de semblable, car la vérité se montre assez par elle-même. Et comme les corps difformes ont besoin de beaucoup d’art et de déguisements pour masquer leur laideur naturelle, tandis que ceux qui sont naturellement beaux, se prisent assez, sans avoir besoin d’un éclat emprunté, ainsi en est-il de la vérité et du mensonge, de la vertu et du vice. D’où il résulte clairement, qu’indépendamment de la justice divine, le vice porte avec lui son supplice et la vertu sa récompense. Et de même que celle-ci a en elle des récompenses qui précèdent les couronnes immortelles, ainsi le vice contient un châtiment qui devance la punition de Dieu. Car en fait de châtiment, y en a-t-il de plus grave que le péché lui-même ? Aussi saint Paul parlant de ceux qui exercent des métiers infâmes, en prostituant la fleur de l’âge et en renversant les lois de la nature, a-t-il proclamé que leurs actions étaient leur plus grand supplice, même avant tes châtiments de Dieu : « Les hommes commettant avec les hommes une infamie abominable, et recevant ainsi en eux-mêmes la juste peine qui était due à leur erreur. » (Rom. 1,27). Appelant ainsi récompense du péché, le péché lui-même et les excès auxquels il porte. « Que la paix soit sur Israël. » Le Psalmiste termine par une prière. Telles sont les âmes des saints : à l’exhortation, aux conseils, ils joignent la prière pour donner à leurs auditeurs le plus grand secours possible. Il s’agit ici non de la paix terrestre, mais de celle qui est infiniment au-dessus. Le Prophète dit d’où elle vient et il demande que l’âme ne se jette pas dans un trouble funeste en entrant en guerre avec elle-même. Recherchons-la, nous aussi, cette paix, afin de pouvoir obtenir les biens qui nous sont promis, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui soient la gloire et l’empire, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il !