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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/21

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(9) », d’après un autre. Ou encore : « Ils marcheront dans le cercle des impies. Selon votre sublimité vous avez honoré les fils des hommes. » D’après un autre : « Quand auront été exaltés ceux qui sont vils parmi les fils des hommes. » D’après un autre : « Achetés à bas prix par les fils des hommes. » En hébreu : « Charm zollo lebne Adam. Vous, « Seigneur, vous veillerez sur nous et nous protégerez. »
Vous le voyez : c’est à chaque instant, ou plutôt sans relâche qu’il se réfugie auprès de Dieu, et cherche en lui son recours : en effet c’est une aide toute puissante, et qui ne cesse jamais d’agir. C’est comme s’il disait : nous n’avons besoin d’aucune assistance humaine : car vous ne cessez pas de veiller sur nous. Qu’est-ce à dire : « Les impies marchent en tournant ? » Suivant les Septante il faut entendre, que nous n’avons rien à craindre, quand bien même les impies nous circonviendraient de toutes parts : car Dieu veille sur nous, nous élève, nous glorifie. Suivant l’autre interprète, voici le sens : Les impies seront repoussés, quand vous aurez exalté ceux qui sont vils parmi les fils des hommes : c’est-à-dire en nous exaltant, nous les dédaignés, nous les humiliés, vous les éloignerez, vous les repousserez. Et que signifie : « Selon votre sublimité ? » C’est-à-dire que vous les avez rendus semblables à vous, autant que cela est donné à l’homme. « Faisons l’homme à notre image », est-il écrit, « et à notre ressemblance. » Ce que Dieu lui-même est au ciel, nous le sommes sur la terre et de même qu’il n’a point de supérieur là-haut, personne ici-bas n’égale la vertu de cette créature. « Soyez semblables », dit l’Écriture, « à votre Père qui est dans les cieux. » (Mt. 5,45) Il nous fait même participer à son nom : « J’ai dit : Vous êtes dieux, et tous fils du Très-Haut. » (Ps. 81,6) Et ailleurs : « Je t’ai établi dieu de Pharaon. » (Ex. 7) Il lui a permis de créer des choses corporelles et incorporelles. Tantôt c’est Moïse qui transforme la création, tantôt tel ou tel élément qui cède à une autre voix. Enfin Dieu nous a prescrit de lui bâtir un temple en nous-mêmes. Vous ne créez point le ciel, mais vous créez un temple pour le Seigneur : et si le ciel même est un séjour de gloire, c’est que Dieu y réside : que dis-je ? La grâce du Christ nous l’a ouvert à nous-mêmes. « Il nous a réveillés et nous a fait asseoir à la droite dans les cieux. » (Eph. 2,6) Et il nous a permis de faire des choses plus grandes que ses propres ouvrages. « Les signes que je fais, lui aussi les fera, et il en fera de plus grands encore. » Au temps de l’Ancien Testament, l’un déplaça la mer, un autre arrêta le soleil, un autre prescrivit le repos à la lune, un autre fit reculer les rayons d u soleil ; les enfants, dans la fournaise, réprimèrent la fureur d’un élément ; la flamme s’apaisa, et fut réduite à murmurer dans son impuissance. Les bêtes féroces elles-mêmes savent respecter les amis de Dieu : même pressées par la faim, elles s’humanisent pour eux. Hommes sensuels, imitez la tempérance des animaux féroces. Des lions virent Daniel, et surent vaincre leur faim. Nous, en voyant venir à nous le Fils de Dieu, nous ne savons pas nous vaincre : Les lions aimèrent mieux mourir de faim que de toucher à la personne d’un saint : et nous qui voyons le Christ errer sans vêtements et sans pain, nous n’abandonnons pas même notre superflu : et du sein de notre opulence nous considérons froidement les souffrances des justes. Un autre ami de Dieu vit la terre lui prodiguer les présents de son sein avec une munificence inouïe jusqu’alors. Et comment s’étonner des marques d’honneur décernées à leurs personnes, lorsque leurs vêtements même, leur ombre, épouvantaient les démons, la mort, la maladie ? Des anges s’inclinèrent, devant des hommes, et les comblèrent d’honneurs. Et comment aurait-il pu en être autrement, quand leur maître traitait si magnifiquement ces mêmes créatures ? L’Ancien, le Nouveau Testament, nous en offrent la preuve. De là ces mots : « Selon votre sublimité, vous avez honoré les fils des hommes. » Réfléchissons à l’éclat de ces honneurs, et sachons en témoigner une juste reconnaissance, si nous ne voulons pas que tant de distinctions ne nous procurent d’autre fruit que le châtiment : duquel puissions-nous tous, maître et auditeurs, être préservés en Jésus-Christ Notre-Seigneur, à qui convient toute gloire, tout honneur, toute adoration dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.