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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/230

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avantage des hymnes qu’on adresse à Dieu, c’est de purifier l’âme, d’élever la pensée, de faire connaître la doctrine, d’apprendre la sagesse qui réfléchit sur le présent et sur l’avenir. A ces avantages, la mélodie ajoute un grand plaisir ; c’est une consolation, c’est une récréation, et elle rend vénérable celui qui fait entendre ces chants. Ce qui prouve la vertu efficace des hymnes, c’est ce que dit un interprète : « Parce que cela est convenable ; » un second interprète encore : « Parce que cela est doux. » Tous les deux disent la vérité. Quelque libertin que soit celui qui chante, s’il respecte son chant, il endort la tyrannie de ses passions ; quoique accablé sous le poids de vices sans nombre, quoique possédé d’un mal qui abat son âme, sous l’action du plaisir qui la caresse, sa pensée devient plus légère, son intelligence prend des ailes, son âme s’élève sur les hauteurs —. « Parce que c’est Jacob que le Seigneur s’est choisi pour être à lui ; parce que c’est d’Israël qu’il a fait sa possession (4). » Le psaume ne parle pas des bienfaits partagés avec les autres peuples, mais du bienfait propre à Israël, et qui en fait un peuple choisi. Quel était ce bienfait ? C’est que Dieu s’est choisi ce peuple, qu’il se l’est consacré, qu’il lui a montré une bienveillance toute particulière ; et partout les prophètes se plaisent à rappeler les bienfaits qu’ils ont reçus de Dieu, ils en font comme la trame de leurs discours. Mais que signifient ces paroles : « sa possession ? » C’est-à-dire sa richesse, son luxe. En effet, si chétif que fût ce peuple, Dieu l’a choisi pour lui, comme on recherche la richesse ; sans s’arrêter au petit nombre, ne considérant que la vertu à laquelle il veut amener ce peuple, il l’a choisi, parce que les autres nations ne lui présentaient pas autant de ressources, et ce peuple est devenu un peuple de choix, et pour manifester la bienveillance de celui qui l’a choisi, et pour servir d’enseignement aux hommes. C’est en effet l’habitude de Paul lui-même d’appeler richesse, le salut des hommes. Exemple, ces paroles : « C’est le même Seigneur « qui répand ses richesses sur tous ceux qui l’invoquent (Rom. 10,12) ; » et ailleurs : « Cela regarde son maître, s’il demeure ferme ou s’il tombe. » (Rom. 14,4). Voyez comme il montre la bienveillance de Dieu, sa providence, sa sollicitude, son amour pour les fidèles en les considérant comme sa possession. Cette providence si rare se révèle donc de deux manières, et parce que Dieu a choisi ce peuple, et parce qu’il en a fait sa possession. Avez-vous bien compris comment le Psalmiste a montré l’amour de Dieu pour l’homme ? Voilà pourquoi, dès le commencement, il dit : « Louez le Seigneur, parce que le Seigneur est bon, parce que j’ai reconnu que le Seigneur est grand (5). » Voilà un nouveau motif de louanges. – Mais que voulez-vous dire, ô Prophète ? Vous avez reconnu, dites-vous, que le Seigneur est grand : est-ce que les autres hommes l’ignorent ? – Non, certes, mais ils ne le savent pas comme moi. – Oui, c’est là surtout le propre des saints, et de ceux qui se sont élevés le plus haut ; ils connaissent mieux la grandeur de Dieu ; ils ne la connaissent pas tout entière (car cela est impossible), mais ils la connaissent mieux que les autres. « Et que notre Dieu est élevé au-dessus de tous les dieux. » Voyez-vous, objectera-t-on, il a dit : « Que Dieu est grand ; » il a dit : « J’ai reconnu que le Seigneur est grand ; » et en poursuivant son discours, il l’affaiblit ; il compare Dieu aux autres dieux et il ne lui accorde qu’une supériorité relative. Nullement ; le Psalmiste a égard à la faiblesse de ceux qui l’écoutent, et ce n’est que pas à pas qu’il les fait monter avec lui ; ce n’est pas, en effet, une bien grande preuve de la grandeur de Dieu que de dire qu’il est plus grand que les autres dieux, au-dessus de tous, mais je répète ce qu’il me tardait de dire, il mesure son langage à la faiblesse de ceux qui l’entendent ; il les fait monter pas à pas. C’était œuvre de charité de ne leur faire entendre que ce qui pouvait produire en eux la persuasion.
2. En effet, que cette supériorité de Dieu défie toute comparaison, c’est ce que le Psalmiste montre par les paroles qui suivent, où il donne la plus forte preuve de la puissance divine, où il montre qu’il a voulu accommoder ses premières paroles à la faiblesse de ceux qui l’entendent. Voilà pourquoi, quand il ne fait qu’énoncer, ses expressions sont faibles ; mais quand il veut insister, quand il démontre, quand il fournit les arguments qui établissent la grandeur de Dieu, ses paroles sont grandes alors. Que dit-il donc ensuite, qui soit digne de Dieu, de Dieu seul ? Voyez ce qu’il ajoute : « Le Seigneur a fait tout ce qu’il a voulu, dans le ciel, dans la terre, dans les mers, et dans tous les abîmes (6). » Voyez-vous la toute-puissance, qui se suffit à elle-même ? Voyez-vous la source