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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/240

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à ses serviteurs, et la grandeur de son amour pour eux ; d’autre part, elle marque sa supériorité.
« Lui qui fait seul de grands prodiges, parce a que sa miséricorde est éternelle (4). » Le Psalmiste vient d’affirmer que Dieu est le maître et le seigneur des dieux ; il prouve ensuite son affirmation ; il confirme ce qu’il a dit ; il célèbre la puissance de Dieu. Et maintenant le Psalmiste ne dit pas : Quia fait, mais « qui fait », montrant par là, qu’il ne se lasse pas d’accorder des bienfaits, d’accomplir des miracles, au-dessus de toute croyance. Et maintenant, il établit ces deux caractères de l’excellence de Dieu, à savoir qu’il fait, et qu’il fait seul. Et même ou en pourrait compter trois et jusqu’à quatre, à savoir, qu’il fait, qu’il fait des miracles, qu’il fait de grands miracles, qu’il est seul à les faire. Et maintenant, ces paroles ne sont pas pour rabaisser le Fils, mais pour montrer l’intervalle qui sépare Dieu des démons. Et voyons ces grands miracles, que Dieu fait seul. En commençant, le Psalmiste ne nous parlait pas de sa puissance, mais de son affection pour nous et de sa bonté. « Louez le Seigneur, parce qu’il est bon », disait-il. Comment donc est-il arrivé à parler maintenant de sa puissance ? c’est que ces miracles ne sont pas seulement des effets de sa puissance, mais aussi de son affection et de sa bonté. Pour montrer ces miracles, le Psalmiste ajoute : « Qui a fait les cieux, avec une souveraine intelligence ; qui a affermi la terre sur les eaux (6). » Une autre version dit : « Qui a condensé la terre dans les eaux, qui a fait de grands luminaires, tout seul (7) ; le soleil, pour présider au jour (3) ; la lune et les étoiles, pour présider à la nuit (9). » Ces merveilles prouvent sans doute sa puissance et sa sagesse ; cependant ils montrent aussi la grandeur de sa bonté ; immenses, belles et durables, les œuvres de Dieu, publient sa puissance et sa sagesse ; faites pour nous et à notre usage, elles prouvent l’affection, la bonté qui ne se dément pas. Comprenez-vous comment sa miséricorde est éternelle ? Il n’a pas fait ces prodiges pour dix années, vingt années seulement, pour un siècle, pour deux, pour mille ans ; il les a prolongés, par-delà toute la durée de notre vie. Et voilà pourquoi le Psalmiste termine chaque verset ainsi : « Parce que sa miséricorde est éternelle. » Et ce qui est admirable, c’est que Dieu, ayant créé le monde, l’a donné à l’homme dès le commencement, et qu’après que l’homme eut failli, Dieu ne l’a même point dépossédé. En effet, les présents qu’il avait faits à l’homme avant le péché, Dieu lui en a laissé la jouissance, après le péché ; il ne lui en a pas interdit l’usage, après une désobéissance si grave. Et il n’a pas fait seulement un ciel, mais il en a fait un second, nous montrant par là, dès le commencement, qu’il ne veut pas nous abandonner sur la terre, mais nous transporter dans cet autre séjour. En effet, s’il ne devait pas bous y établir, pourquoi aurait-il fait un ciel ? Ce ciel lui est inutile ; il n’a besoin de rien, mais comme il voulait nous y installer, après nous avoir fait quitter la terre, il nous a préparé cette habitation.
2. Voilà pourquoi le Prophète termite chaque verset de cette manière, « Parce que sa miséricorde est éternelle ; » la bonté de Dieu a saisi son âme. « Qui a affermi la terre sur les eaux. » Voyez encore ici l’affection de Dieu pour l’homme ; nous sommes devenus mortels, assujettis à de nombreux besoins, et Dieu ne nous a pas abandonnés. Ici même, il nous a donné, provisoirement, une demeure convenable, et il a rempli la terre de tant de preuves de son amour pour nous, que le discours ne saurait les énumérer. Le Prophète plonge dans cet abîme de bienfaits ; il y voit, pour ainsi dire, une mer immense, et s’élançant du fond de ces abîmes, il fait entendre comme un grand cri. « Que vos œuvres sont grandes, Seigneur ; vous avez fait toutes choses avec sagesse ! » (Ps. 103,24) Considérons le soleil, la lune, l’ordre des saisons ; nouvelle preuve de cette bonté qui s’étend sur l’univers. En effet, quels puissants moyens d’embellir la vie, quels ornements, ou plutôt quelles sources de la vie ; car voilà ce qui la soutient, ce qui donne aux fruits la sève et la maturité, sans quoi la vie serait impossible ; voilà ce qui nous fait reconnaître les temps, ce qui nous montre les heures, ce qui distingue le jour et la nuit, ce qui règle, et sur la terre, et sur la mer, les courses des voyageurs ; voilà ce qui répond à tant d’autres besoins de notre existence. Voyez-vous comment la miséricorde du Seigneur est éternelle ? voyez-vous pourquoi le Prophète termine chaque verset par ce refrain ? Maintenant, un autre interprète, au lieu de, « Pour présider au jour » dit : « Pour dominer le jour. » Un autre interprète, au lieu de : « Pour présider à la nuit », dit : « Pour présider