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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/273

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passage le Psalmiste donne le même conseil que l’Apôtre : il recommande de fuir les délices, les banquets de ces méchants ; c’est là surtout que le péché s’aggrave ; c’est là que s’accroît la licence.
8. Ce n’est pas une faible marque de la vertu, ce n’est pas un médiocre moyen de correction que de fuir les banquets de ce genre, de pareilles assemblées, de ne pas tenir à de pareilles amitiés, de ne pas se faire l’esclave de son ventre, au risque de briser le nerf de l’âme, de frapper d’engourdissement le ressort de la sagesse. C’est pour avoir ménagé l’amitié, qu’un grand nombre s’engloutissent dans les flots de l’ivresse, qu’un grand nombre se laissent prendre à la fornication, s’embrasent du feu des voluptés, conséquences funestes des banquets et des théâtres, où pullule l’iniquité. Le Psalmiste montre aussi qu’il n’a pas voulu s’asseoir à ces tables impures : « Que le juste me reprenne et me corrige avec charité, mais que l’huile du pécheur ne graisse point ma tête (5). » Autre texte : « Que le juste me plaigne dans sa miséricorde et me reprenne. » Ajoutez encore cette disposition à la première ; ce n’est pas une petite vertu que de savoir accepter les réprimandes adressées par les hommes justes. Or, ce que dit le Psalmiste, revient à ceci : il en est qui parlent pour vous faire plaisir, et qui vous perdent : je ne veux jamais me trouver dans leurs assemblées ; mais ceux dont la sévérité vous corrige, vous découvre vos fautes, vous reprend, voilà ceux que je veux choisir. Et en effet, la plus grande marque de la miséricorde et de l’affection, c’est de guérir les blessures : « Mais que l’huile du pécheur ne graisse point ma tête. » Voyez-vous quelle âme affermie dans la vertu ? Elle supporte avec plaisir les réprimandes des hommes justes, mais elle repousse les flatteries de ceux qui transgressent la loi. Pourquoi ? c’est que souvent la compassion même de ces hommes est mortelle ; les autres, par la véhémence de leurs réprimandes et de leurs reproches, vous corrigent, et, au blâme qu’ils vous adressent, se joint la compassion ; la compassion des autres, au contraire, c’est la mort. Voilà pourquoi un sage a dit : « Les blessures faites par les amis valent mieux que les baisers offerts par les ennemis. » (Prov. 27,6) Considérez maintenant ce que signifie cette parole de l’Apôtre : « Reprenez, gourmandez, exhortez. » (2Tim. 4,2) Telle est en effet, la réprimande des saints. C’est ce que font aussi les médecins ; non seulement ils coupent, mais de plus ils pansent. C’est pourquoi le Christ de son côté, pour faire que la réprimande soit acceptée, ne souffre pas qu’elle soit a d’abord publique ; il dit : « Allez lui représenter sa faute en particulier. » (Mt. 18, 15) C’est aussi la conduite que tenait Paul, unissant la réprimande à la miséricorde, tantôt disant : « O Galates insensés (Gal. 3,1) ! » tantôt : « Mes petits enfants, pour qui je sens de nouveau les douleurs de l’enfantement. » (Gal. 4,19) Il faut en effet que celui qui reprend, invente mille moyens pour rendre sa ! réprimande acceptable ; il faut une grande, adresse pour administrer ce remède, et il en faut plus assurément à celui qui réprimande, qu’à celui qui coupe les chairs. Pourquoi ? y C’est que, d’un côté, ce que l’on coupe est différent de ce qui ressent la douleur ; ici au contraire, c’est la même substance qui est coupée et que la douleur atteint. « Mais que l’huile du pécheur ne graisse point ma tête. » Qu’est-ce à dire ? Le pécheur, dit-il, ne recherche point l’intérêt de celui qui l’écoute, mais son intérêt à lui : il veut paraître plein de douceur, d’agrément et d’affection. Le juste, au contraire, préfère au plaisir d’être agréable, l’utilité d’autrui. De là, entre les deux, la plus grande différence. Et maintenant, sils compassion même du méchant doit être repoussée, quand donc faut-il l’admettre près de soi ? Jamais. Aussi, quand même il vous fournirait de l’argent ; quand même il vous ? promettrait plaisirs délicieux et honneurs, repoussez le méchant, fuyez-le ; suivez le juste, au contraire, même quand il vous raille, même quand il vous réprimande, car voilà celui qui vous aime. « Car ma prière subsistera pendant leurs plaisirs. » Un autre texte : « au milieu de leurs vices ; » un autre texte : « dans leurs perversités. »
Il s’agit ici de ce qu’il demande ; tout à l’heure il était question de ce qu’il tire de lui-même. Et par là, il nous montre qu’il ne suffit pas de prier avec confiance, pour ne rien faire et s’endormir, mais qu’il faut, de plus, agir, personnellement. Or, ici, qu’apporte-t-il de lui-même ? il n’apporte pas des brebis, des bœufs, des sommes d’argent, mais la pureté des mœurs et l’extrême attention à fuir les pervers. non seulement, dit-il, je fuirai leurs pernicieuses flatteries, je n’accepterai pas leurs