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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/31

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conduisons-nous de même à l’égard de Dieu. Réfléchissons à tout ce qu’il a fait pour nous, le ciel même, la terre, la mer, l’air, les plantes qui croissent sur la terre, les fleurs diverses, les animaux domestiques et sauvages, tout ce qui existe dans la mer, au milieu de l’air, les astres qui sont dans le ciel, le soleil, la lune, en un mot toutes les choses visibles, les éclairs, le bel ordre des saisons, la succession du jour et de la nuit, le renouvellement des années. Il a soufflé l’âme en nous, il nous a fait don de la raison, il nous a revêtus de la plus grande autorité. Il nous a délégué des anges, il nous a envoyé des prophètes, et enfin son Fils unique. Et après tant de bienfaits, il vous invite encore, tant par lui-même que par son Fils unique à vous sauver : et saint Paul ne cesse de nous crier de sa part : « Dieu vous y invite par notre bouche, nous vous en conjurons au nom du Christ, réconciliez-vous avec Dieu. » (2Cor. 5,20) Et il ne s’est pas arrêté là : il a recueilli le type de votre nature humaine, et « Il l’a fait asseoir au-dessus de toute principauté, de toute autorité, de toute puissance, et de tout nom qui soit jamais non seulement dans ce siècle, mais encore dans le siècle à venir. » (Eph. 1,21)
Il est vraiment à propos de dire maintenant « Qui raconter les puissances du Seigneur ? qui fera entendre toutes ses louanges ? » (Ps. 105,2) Et aussi : « Que rendrai-je au Seigneur pour tous ses bienfaits ? » (Ps. 115,12) En effet, quel honneur pourrait égaler celui de voir les prémices de notre genre humain, de cette race auparavant si déchue, si déshonorée, siéger maintenant à une telle hauteur, et jouir d’un tel honneur ? Puis, ne songez pas seulement aux bienfaits que tous les hommes partagent, énumérez encore ceux dont vous êtes particulièrement l’objet, par exemple lorsque tombé dans les pièges de la calomnie, vous êtes sorti victorieux de ses accusations, ou si, ayant rencontré des brigands à une heure dangereuse, au milieu même de la nuit, vous avez échappé à leurs embûches, ou si vous avez conjuré une peine qui vous était infligée, ou lorsque atteint d’une maladie cruelle, vous avez éprouvé du soulagement.
5. Repassez dans votre esprit tous les bienfaits que vous avez reçus de Dieu pendant toute votre vie, et assurément vous les trouverez en grand nombre, non seulement dans votre vie entière, mais même pendant un seul jour ; si Dieu voulait nous remettre sous les yeux tous les biens dont il nous comble chaque jour sans que nous y fassions attention, sans que nous nous en doutions, nous ne pourrions pas même les compter. Combien de démons traversent cet air qui nous entoure ! Combien de puissances ennemies ! S’il leur permettait seulement de se montrer à nous, avec leur aspect épouvantable, horrible, ne fuirions-nous pas, ne serions-nous pas perdus, ne serait-ce pas notre destruction ? Oui, en réfléchissant à tout cela, et aussi à nos péchés, à toutes les chutes que nous faisons, ou en connaissance de cause, ou sans nous en apercevoir (car ceci encore ne doit pas compter pour peu de chose parmi les bienfaits de Dieu, que chaque jour il ne tire pas vengeance de nos transgressions) ; en songeant, dis-je, à tout cela, nous serons capables d’aimer Dieu. Si vous considérez tous les péchés que vous faites par jour, tous les bienfaits que vous recevez chaque jour aussi, toute la longanimité, toute l’indulgence dont il vous favorise, si vous réfléchissez que si Dieu se vengeait tous les jours vous n’auriez pas vécu même un court espace de temps, selon le Prophète qui dit : « Si vous tenez compte de nos iniquités, Seigneur, Seigneur, qui pourra résister ? (Ps. 129,3) », alors vous lui rendrez grâces, et vous ne vous irriterez de rien de ce qui vous arrivera ; mais vous verrez que, souffririez-vous mille et mille maux, ce ne serait pas encore une satisfaction proportionnée, et étant dans ces dispositions, vous allumerez en vous un grand désir de Dieu, et vous pourrez dire avec le Prophète : « De même que le cerf aspire après les sources, ainsi mon âme soupire après vous, mon Dieu. » Mais il est à propos d’examiner pourquoi le Prophète a pris pour comparaison le cerf plutôt qu’un autre animal. C’est que le cerf est très-souvent altéré, et pour cette raison, il accourt continuellement près des sources. Il est porté à l’altération par sa nature même, et aussi parce qu’il dévore les serpents et se nourrit de leur chair. Eh bien ! imitez-le : dévorez le serpent intellectuel ; terrassez le péché, et vols serez capable d’être altéré du désir de Dieu. Car de même qu’une mauvaise conscience nous souille et nous jette dans le découragement, de même, quand nous aurons terrassé nos péchés, quand nous nous serons purifiés de notre malice, nous pourrons tourner nos pensées