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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/316

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du feu, de la grêle, de la neige, de la glace ; ensuite des arbres stériles, des montagnes ; il laisse, ici encore, de côté les plaines spacieuses et propres à la culture, les vergers produisant des fruits utiles et agréables ; il passe aux montagnes, aux collines, aux lieux déserts, et il mentionne tous les serpents. Pour plus de clarté, écoutons ses paroles mêmes. Après avoir dit : « Il leur a prescrit ses ordres, qui ne manqueront point de s’accomplir », il ajoute : « Louez le Seigneur, ô vous qui êtes sur la terre ; vous, dragons, et vous tous, abîmes d’eau, feu, grêle, neige, glace, vents, qui excitez les tempêtes ; vous tous, qui exécutez sa parole. » Un autre texte : « Vent de Typhon ; vous montagnes, et toutes les collines ; arbres fruitiers, et tous les cèdres ; bêtes sauvages, et tous les autres animaux, reptiles, et vous oiseaux qui avez des ailes. (7, 8, 9, 10) » D’où vient qu’il entreprend un pareil discours ? Il veut montrer à satiété la providence de Dieu. Et en effet, si les êtres en apparence inutiles, ennemis du genre humain, sont tellement bons, tellement utiles qu’eux aussi célèbrent Dieu, qu’ils exaltent la gloire de l’ouvrier qui les a faits, réfléchissez en vous-mêmes, que dirons-nous des autres êtres ? Si vous voulez bien, reprenons une à une chacune des créatures qu’il a nommées, « vous, dragons », dit-il, « et vous tous abîmes d’eau. » Il faut entendre ici par « dragons », les baleines comme dans un autre passage où il dit : « Ce dragon que vous avez formé pour s’y jouer (Ps cru, « 26) ;» les passages abondent, où l’on peut voir la baleine appelée de ce nom.
3. Et comment, dira-t-on, cet animal glorifie-t-il celui qui l’a fait ? Je réponds, moi, comment ne le glorifie-t-il pas ? Vous en voyez la grandeur, la structure, si nettement racontée dans le livre de Job. (Job. 40,41 et suiv) Comment n’admireriez-vous pas l’ouvrier, qui a produit un si grand animal ? Et en vérité, la grandeur n’est pas ici ce qui doit nous frapper ; remarquons de plus ce fait, que cet animal a pour résidence des mers qui ne sont pas navigables, et il faut admirer que ces limites ne soient pas franchies par un monstre féroce et d’une incomparable grandeur. Il reste dans les régions qui lui ont été fixées, et, non seulement il ne s’élance pas sur la terre, ni vers des contrées habitables, mais il ne s’échappe même pas vers ces parties de la mer que visitent les navigateurs ; il ne détruit pas les différentes espèces de poissons ; il vit en se renfermant dans les limites à lui fixées. Et ce n’est pas là la seule merveille ; considérons, dans l’abîme, l’immensité de la profondeur. Ce que nous avons remarqué dans un animal, peut encore se remarquer dans la mer ; soulevée par les vents, elle est irrésistible, le volume de ses eaux est immense et cependant elle ne franchit pas ses limites ; elle n’inonde pas les terres voisines, elle demeure attachée par d’indissolubles liens, quelle que soit d’ailleurs l’insolence de ses flots. Voyez donc une telle grandeur, les souffles si puissants qui la soulèvent, et cette merveille, cette masse désordonnée, cette masse énorme, cet élément d’une violence irrésistible, ne sort pas du lieu qui lui est propre ; et, au sein de perturbations si grandes, conserve l’ordre et la mesure. Méditez ces réflexions en vous-mêmes et vous chanterez alors le cantique de louanges en l’honneur de Dieu, et vous admirerez sa puissance, son habileté, sa force, son empire. Il y a encore des causes ineffables, connues seulement de celui qui a tout créé. De là, ce que disait un sage : « Ne demandez pas pourquoi ceci, à quoi bon cela ? Car tout a été fait à son usage. » (Sir. 39,2) « Feu, grêle, neige, glace, vents qui excitez les tempêtes, vous tous qui exécutez sa parole. » Ici encore, le Psalmiste ajoute une idée nouvelle. En effet, dans le psaume précédent, il admirait qu’en un instant bien court, là neigé envahit toute la surface de la terre ; il admirait la glace qui durcit, qui se transforme, se change en ses contraires. Maintenant, dans le psaume qui nous occupe, il s’étonne que ce qui n’était pas ait été fait ; que ce qui a été fait subsiste, et que ces créatures qui subsistent soient des serviteurs qui, quoique dépourvus de raison, exécutent les ordres de Dieu avec une parfaite obéissance. (Ps. 147, 5-6) Ce n’est pas tout, souvent un seul ordre a suffi pour la transformation complète des éléments en leurs contraires comme on l’a vu dans la fournaise de Babylone, où le feu brûlait et servait en même temps de rosée. Eh bien, après ? objecte-t-on, y a-t-il là une raison de rendre à Dieu des actions de grâces ? Sans doute, et une raison des plus puissantes. En effet, Dieu mérite également d’être loué, quand il punit et quand il exempte du châtiment ; car il y a là deux preuves qui manifestent également sa sollicitude, deux preuves égales de sa bonté.