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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/342

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HOMÉLIE SUR LA GRANDE SEMAINE. « D’OÙ VIENT CE NOM DE GRANDE SEMAINE ; » SUR CE VERSET : « O MON ÂME, LOUEZ LE SEIGNEUR (Ps. 145,2) ; » SUR LE « GARDIEN DE LA PRISON, » DANS LES ACTES DES APÔTRES.


AVERTISSEMENT. On ne saurait établir ni la date de cette homélie, ni le lieu où elle fut prononcée. Ce qui ressort de l’homélie même, c’est qu’elle fut donnée au moment où cesse le jeûne, au grand jour de la grande semaine, que nous appelons aujourd’hui la semaine sainte. Outre les développements indiqués par le titre même de l’homélie, on remarquera, sur cette pensée, comment notre corps est une lyre harmonieuse qui bénit et glorifie le Seigneur ; sur l’efficacité du jeûne et de la prière, sur la nécessité, le devoir de bénir Dieu, en tout temps et pour toutes choses, des accents pathétiques, entraînants, dignes de saint Jean Chrysostome.
1. Nous avons achevé la navigation du jeûne et nous voici, par la grâce de Dieu, arrivés au port. Mais ne nous négligeons pas, parce que nous sommes arrivés au port ; au contraire redoublons de zèle, parce que nous avons atteint le terme du voyage. Ainsi font les pilotes ; au moment de faire entrer dans le port un vaisseau chargé de blé et d’un poids énorme de marchandises, ils sont inquiets, ils prennent mille soins pour empêcher que le navire, après avoir traversé de si vastes mers, ne se brise contre un écueil, et ne sombre avec toutes les marchandises. Voilà les inquiétudes, les craintes que nous devons ressentir, nous aussi ; au terme de la traversée gardons-nous de perdre le prix de nos fatigues. Voilà pourquoi nous devons redoubler de zèle. Ainsi font les coureurs encore : quand ils se voient arrivés au moment de recevoir leurs prix, c’est alors qu’ils redoublent de vitesse. Ainsi font les athlètes encore ; après les luttes et des victoires sans nombre, quand ils touchent au moment des couronnes, c’est alors qu’ils se dressent plus vivement, qu’ils font de plus généreux efforts. Faisons donc de même, nous aussi, maintenant. En effet, ce qu’est le port pour les pilotes, le prix, pour les coureurs, la couronne, pour les athlètes, la semaine où nous sommes est tout cela pour nous. C’est la source de nos biens, et il s’agit maintenant de se disputer les couronnes ; et voilà pourquoi la présente semaine s’appelle la Grande Semaine. Ce n’est pas que les jours y soient plus longs que dans les autres ; d’autres semaines, en effet, ont des jours plus longs. Ce n’est pas que les jours y soient plus nombreux ; car, dans toutes les semaines, le nombre des jours est le même ; mais c’est que, dans cette semaine, Dieu a fait des choses particulièrement glorieuses, c’est dans cette Grande Semaine que la longue tyrannie du démon a été brisée, que la mort a été éteinte, que celui qui était fort, a été enchaîné ; ses vases ont été pillés ; le péché enlevé ; la malédiction effacée ; le paradis s’est ouvert ; le ciel est devenu accessible, les hommes se sont mêlés aux anges ; le mur