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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/380

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autour du poignet. « Leurs réseaux d’or », autour de la tête. « Leurs bagues et leurs bracelets du bras droit », ceux qu’on appelle dexiaria. « Leurs pendants d’oreilles, leurs robes de pourpre, leurs manteaux pour la maison, leurs crêpes de Laconie. » Telle était leur fureur de libertinage qu’elles ne se contentaient pas de ce que produisait leur pays, mais qu’elles allaient chercher des ornements étrangers et qu’elles les faisaient venir d’au-delà des mers. Car entre la Palestine et la Laconie il y a une grande distance, une mer immense.
9. Ce n’est pas sans raison qu’il a désigné le pays sans indiquer le nom des ornements pour faire voir combien leur luxe dépassait les bornes. « Leurs tissus de lin, leurs étoffes de couleur de jacinthe ou d’écarlate, leurs tissus de lin parsemés d’or et de pierres précieuses et leurs vêtements d’été rehaussés d’or. » Il n’y a rien, soit dans les vêtements, soit dans le reste de la toilette, qui leur ait échappé ; elles avaient épuisé tout luxe, emportées par cette passion tyrannique de l’impureté effrénée.
Mais si, avant les temps de la grâce et de notre religion si parfaite, ces choses étaient déjà blâmées, quel pardon obtiendront ces femmes qui appelées au ciel, à de plus longs combats, à l’imitation des anges, surpassent de beaucoup cette licence et celle même des courtisanes de théâtre ? Et ce qu’il y a de plus triste, c’est qu’elles ne croient pas pécher. Ainsi il nous faut les combattre avec la parole du Prophète. Ce n’est pas seulement contre les juives, mais contre les femmes d’aujourd’hui que sera prononcée cette parole : « Au lieu d’un agréable parfum, il n’y aura plus que de la poussière. » Voyez-vous comment il condamne les parfums et comment il annonce que cette recherche sera punie ? La poussière dont il parle ici, c’est celle que soulevèrent le renversement de la ville et l’incursion des barbares. Ceux-ci détruisirent la ville par le fer et le feu, renversant certaines parties et brûlant les autres. C’est ce que le Prophète prédit en ces termes : « Au lieu d’un agréable parfum il n’y aura plus que de la poussière et tu te ceindras non d’une ceinture, mais de jonc ; » leur mettant sous les yeux le spectacle de la captivité et leur transmigration dans pays des barbares. « Et tes cheveux frisés disparaissant ne laisseront qu’une tête chauve », que leurs cheveux soient tombés par suite de cette catastrophe, ou que l’ennemi les ait fait couper, ou qu’elles se les soient coupés elles-mêmes. Car c’était autrefois la coutume dans le deuil et le malheur de se raser et de se couper les cheveux. Job. par exemple, se fit raser la tête en apprenant le malheur de ses enfants. Et plus loin le Prophète dit qu’elles se revêtiront d’un cilice, et qu’elles gémiront en se coupant les cheveux. Un autre dit aussi : « Arrachez-vous les cheveux, coupez-les entièrement pour pleurer vos enfants qui vivaient dans les délices. » – « Et au lieu d’une tunique de pourpre tu te couvriras d’un cilice. » Ne sont-ce pas là des choses terribles et insupportables ? Mais pour nous le châtiment ne s’arrêtera pas là ; le ver empoisonné, et les ténèbres sans fin nous atteindront. Ces juives endurèrent la captivité, la servitude et des maux extrêmes pour leur parure : car que ce fût là la cause de leur punition et le péché que Dieu poursuivait particulièrement, Isaïe nous l’apprend quand lui-même, après cette énumération, dit, en indiquant la cause : « Telle sera la punition de ton luxe. » Si, dis-je, les juives, pour s’être parées, subirent une telle punition qu’elles virent leur patrie renversée de fond en comble, et qu’après avoir connu de telles délices elles tombèrent dans l’esclavage, la servitude et l’exil, qu’elles furent emmenées sur une terre étrangère, qu’elles périrent par la famine, la peste et mille autres genres de mort, ne voyez-vous pas avec évidence que les mêmes fautes nous attireront des châtiments bien plus graves ? Car si nous recevons des honneurs plus grands, nous recevrons aussi des supplices plus graves.
Que si votre toilette ne vous a pas encore attiré ces maux, n’en soyez pas plus fiers. Car voici ce que Dieu fait ordinairement : il châtie un ou deux prévaricateurs pour montrer aux autres quels fléaux les attendent. Et pour rendre plus clair ce que je dis, les habitants de Sodome commirent autrefois d’horribles péchés ; ils subirent aussi un épouvantable châtiment quand le feu du ciel les frappa, que leurs villes, les habitants et la terre elle-même furent consumés avec leurs corps. Mais quoi ? N’y en a-t-il pas encore après eux qui osèrent commettre les mêmes péchés ? Oui, il y en a eu beaucoup et par toute la terre. Pourquoi donc ne furent-ils pas punis de même ? Parce qu’ils sont réservés pour une autre punition plus sévère. Dieu n’a pas renouvelé ce châtiment afin que ceux qui auront la même audace,