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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/415

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PREMIÈRE HOMÉLIE.


A LA LOUANGE DES FIDÈLES QUI SE SONT RENDUS A L’ÉGLISE, SUR LE BON ORDRE À OBSERVER DANS LE CULTE DIVIN, ET SUR LE TEXTE : « J’AI VU LE SEIGNEUR ASSIS SUR UN TRONE ÉLEVÉ ET SUBLIME. »

ANALYSE.

  • 1. Félicitations adressées aux auditeurs sur leur empressement à venir à l’Église.
  • 2. Exhortation morale sur la contenance que l’on doit garder à l’Église. Que l’allégresse doit être mélangée de crainte chez les fidèles. Exemple des anges.
  • 3. Explication du texte d’Isaïe. – Altitude des séraphins en présence de Dieu.
  • 4. Funeste influence des spectacles. Vains subterfuges de ceux qui prétendent y assister sans péril. – Coupable irrévérence de ceux qui s’entretiennent d’affaires mondaines à l’Église, que le malheur des temps n’est point une excuse admissible, que la faute en est d’ailleurs au peuple, plutôt qu’à ses chefs.
  • 5. Exemples relatifs à la proposition précédente, empruntés à l’Écriture sainte. – Histoire d’Achar.
  • 6. Punition d’Achar. – C’est donc nous-mêmes que nous devons accuser avant tout, même des malheurs publics. Dispositions intérieures et maintien exigés du fidèle présent à l’Église :


1. Je vois que vous montrez beaucoup de zèle à mettre en pratique les conseils que je vous ai donnés l’autre jour. Aussi est-ce avec ardeur que, de mon côté, je jette la semence de l’instruction, fortifié par les bonnes espérances que font naître en moi ces dispositions. Quand le cultivateur qui s’est fatigué à répandre la graine, voit la terre fécondée se couvrir d’épaisses moissons, il oublie ses récents labeurs ; l’appât du gain l’excite à continuer ses travaux, à pourvoir à la conservation de sa récolte. Et combien plus profitable, combien plus lucrative n’est point la culture qui nous occupe ? La culture de la terre, par l’abondance de fruits matériels qu’elle procure, subvient à la nourriture des corps : notre culture, à nous, en semant l’enseignement de la parole, en multipliant les dons de l’esprit, assure des provisions spirituelles, des vivres inépuisables et à l’abri des avaries, des trésors d’abondance garantis contre les ravages du temps, et placés sous la garde d’une providence ineffable, trésors dont il n’est donné qu’à l’esprit de jouir. Voilà le revenu que je tire de mes travaux, voilà les trésors que je mets en réserve pour votre charité. Lorsque je les vois s’accroître en vous, comment ne me réjouirais-je pas ? ce n’est donc pas en vain que je répands la graisse, ce n’est pas en pure perte que j’ai pris de la peine, la terre où je sème est grasse et fertile, et propre à donner des fruits. Mais d’où me vient cette idée, que je fais un gain pareil ? qu’est-ce qui me fait juger que mes discours produisent des actes ? C’est votre empressement actuel, c’est le zèle avec lequel vous prenez possession de cette église ; notre mère à tous ; ce sont ces stations nocturnes et prolongées, c’est cette assiduité avec laquelle à l’imitation du chœur angélique, vous offrez au créateur une perpétuelle adoration. O présents du Christ ! Là-haut, des armées d’anges chantent l’hymne de gloire : ici-bas, dans les églises, des hommes pareillement réunis en chœurs chantent le même hymne à leur exemple. Là-haut les séraphins font retentir l’hymne trois fois saint : ici-bas la foule des humains envoie au ciel les mêmes louanges ; c’est comme une fête qui réunit ensemble les habitants des cieux et les habitants de la terre : reconnaissance, allégresse, chœurs joyeux, tout est commun. En effet, ce concert, c’est l’ineffable condescendance du Maître qui l’a formé, c’est le Saint-Esprit qui l’a composé ; c’est la gloire du Père qui en a combiné