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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/443

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l’usage dans les prophéties, comme dans les histoires profanes, de mentionner l’époque de la vie des rois, Isaïe, au lieu de s’y conformer, date-t-il de la mort d’Ozias, en disant : « Et il arriva dans l’année où mourut le roi Ozias? » Cependant rien ne l’empêchait de mentionner l’année du règne du roi actuel, selon l’usage constamment suivi par les prophètes. – Il n’en fait rien : d’où vient cela ? Une ancienne loi portait que le lépreux serait chassé de la ville, à la fois pour l’intérêt public, et pour le bien du lépreux lui-même qui, sans cela, aurait été à la merci de quiconque aurait voulu l’insulter ou le railler, tandis qu’exclu de la ville il trouvait dans son isolement même un rempart contre les affronts. On aurait dû en faire l’application au roi lui-même après qu’il eut été frappé de la lèpre : mais les gens de la ville eurent égard à sa dignité et lui permirent de rester caché dans sa maison. Dieu en fut irrité, et les prophéties cessèrent : ce fut comme au temps d’Élie : « La parole était précieuse, et il n’y avait plus de vision distincte. » (1Sa. 3,1)
Veuillez considérer en ceci encore la bonté de Dieu. Il ne ruina pas la ville, il n’en extermina pas les habitants : on voit des amis se venger par le silence des torts d’un ami qui est en même temps leur égal : Dieu fit la même chose à l’égard d’un peuple qui méritait un châtiment, une punition plus sévères. Je l’ai chassé de mon temple, disait-il, et vous ne l’avez pas même banni de votre ville ; en le frappant de la lèpre, je l’avais livré désarmé entre vos mains comme un simple citoyen néanmoins vous n’avez pas osé profiter de votre avantage ni expulser de votre ville celui que j’avais condamné. Combien de rois auraient supporté cette désobéissance, et n’auraient pas ruiné de fond en comble une ville où ils voyaient séjourner celui dont ils avaient ordonné l’expulsion ? Dieu fit autrement : car il était Dieu, et non pas homme. Mais Ozias ne fut pas plus tôt mort que le Seigneur si : hâta de pardonner, de rouvrir les portes de la prophétie, et de visiter de nouveau son peuple. Admirez la bonté divine qui éclate dans cette réconciliation. À considérer les choses suivant la stricte équité, il n’y avait pas lieu dès lors de pardonner. Pourquoi ? Parce que le départ d’Ozias n’était pas du fait des coupables, mais Dieu ne nous juge pas avec cette rigueur ; et il ne cherche qu’une chose, un prétexte de nous pardonner. – Remercions-le de tant de bonté, lotions sa charité ineffable, de laquelle puissions-nous tous nous montrer dignes, par la grâce et la miséricorde de son Fils unique, Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui gloire, puissance, honneur, au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.

SIXIÈME HOMÉLIE.


  • 1. Appel aux pécheurs. Bornes prescrites à l’intelligence des saintes Écritures. 
  • 2 Dignité des séraphins : qu’elle vient surtout de leur place auprès du trône de Dieu. Caractère particulier de la gloire divin, et de l’admiration qu’elle inspire.
  • 3. Du jeûne. Nécessité d’une bonne préparation avant la communion : exhortation pressante. 4. Bonté de Dieu. Sa conduite à l’égard des pécheurs. Récapitulation.


1. Nous arrivons enfin au terme de notre traversée, nous avons fini l’histoire d’Ozias si le trajet a duré si longtemps, la cause n’en est point la longueur de la route mais la curiosité