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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/508

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nés encore à la vigilance, et mettre lotit le troupeau à l’abri par ses avertissements.. Un père, dévoué aux siens, élève-t-il une maison, il la bâtit belle et grande, non pour ses fils seuls, riais pour leurs enfants et les enfants de leurs enfants. Ainsi – encore un roi entoure-t-il dé murailles une ville qu’il aime, il les fait solides et sûres, non pour garantir seulement la génération qu’il gouverne, mais pour protéger toutes celles qui doivent venir après ; il les veut capables de résister non seulement contre les entreprises du moment, mais contre les attaques futures. Ainsi a fait Paul. Comme les écrits des apôtres sont les remparts des Églises, il met à l’abri derrière eux non seulement ceux qui vivent de son temps, mais ceux qui doivent venir plus tard. Et il a formé une enceinte si solide, si inexpugnable, qui couvre et enferme si bien la terre entière, qu’elle défend et les hommes de son temps, et ceux qui ont suivi, et ceux d’aujourd’hui, et ceux qui suivent encore, contre tout assaut des ennemis. Telles sont, les âmes des saints : pleines de dévouement, de sollicitude, d’un amour qui dépasse les tendresses du sang, qui parle plus liant que les entrailles d’une mère : c’est l’amour inspiré par l’Esprit-Saint ; parla grâce divine.
4. Voulez-vous que je vous montre encore autrement que les saints ne songent pas eux-mêmes, qu’ils ne s’inquiètent pas seulement de leurs frères vivants, mais aussi de ceux qui sont encore à naître ? Jésus, nous dit l’Évangile, étant assis sur la montagne, ses disciples s’approchèrent de lui. Or – c’étaient des hommes déjà vieux et qui devaient bientôt quitter cette vie. Que lui demandent-ils donc ? De quoi s’inquiètent-ils ? Que craignent-ils ? Sur quoi interrogent-ils leur maître ? Sur ce qui devait arriver de leur vivant, ou peu après ? Nullement. Ils négligent tout cela pour dire quoi ? « Quel sera le signe de votre venue et de la consommation des siècles ? » (Mt. 24,3) Les voyez-vous eux aussi s’informant de la consommation des siècles, et se préoccupant des hommes qui vivront plus tard ? C’est que les apôtres ne regardent pas ce qui les concerne, mais tous ensemble et chacun en particulier ce qui concerne les autres. Voyez Pierre, le maître du chœur apostolique, la voix des apôtres, le chef de cette famille, le souverain de toute la terre, le fondement de l’Église, l’ardent ami du Christ, lui à qui le Christ dit : « Pierre, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » (Jean 21,2,» ; et si je fais ainsi son éloge, c’est pour que vous voyiez qu’il aimait véritablement le Christ : et certes la plus grande preuve de l’amour qu’on a pour le Christ, c’est le soin qu’on prend de ses serviteurs ; ce n’est pas moi qui le dis, c’est ce maître bien aimé : « Si tu m’aimes, lui dit-il, pais mes brebis. » Examinons s’il remplit son devoir de pasteur, s’il a soin des brebis, s’il les aime vraiment, s’il est dévoué au troupeau ; pour apprendre de là s’il aime aussi le vrai pasteur car c’est le signe proclamé par Jésus même. Pierre donc, jetant tout ce qu’il avait, son filet, tous ses instruments de pêche et sa barque, abandonne la mer, son métier, sa maison. Considérons non pas que tout cela était peu, mais que c’était tout ce qu’il avait, et louons son empressement. Car la veuve qui donna deux deniers, ne déposa pas un bien gros poids d’argent ; mais elle montra un grand trésor de bonne volonté, de même que l’apôtre, au sein de la pauvreté, fit voir un grand trésor d’empressement. Ce que sont à d’autres des terres, des esclaves, des maisons, de l’or, tout cela, était pour lui dans son filet, dans la mer, dans son métier, dans sa barque. Ne cherchons donc pas s’il a peu abandonné, mais s’il a tout laissé. Ce que l’on demande, ce n’est pas de donner peu ou beaucoup, mais de ne pas offrir moins qu’on ne peut. Il a donc tout quitté, patrie, maison, amis,-famille, et jusqu’à sa tranquillité ; car il s’est ainsi aliéné le peuple juif : « Déjà, est-il dit, les Juifs s’étaient entendus pour que quiconque confesserait qu’il était le Christ, fût chassé de la Synagogue. » (Jn. 9,22). Ce qui nous montre qu’il ne douta pas, qu’il n’hésita pas à espérer le royaume des cieux, mais qu’il crut pleinement, et sur l’évidence même des faits, et, avant l’évidence des faits, sur la parole du Sauveur, qui s’engageait à lui en assurer la possession. Comme Pierre lui avait dit : « Nous avons tout abandonné, et nous vous avons suivi » qu’aurons-nous ? Le Christ lui répondit : « Vous siégerez sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël. » (Mt. 19,27-28)
J’ai établi ce point, afin qu’au moment où je vous le montrerai, craignant pour les autres serviteurs ; vous ne disiez pas qu’il craint pour