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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/578

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PROVERBES DE SALOMON.

On appelle ce livre Proverbes de Salomon, parce que c’est Salomon qui en a prononcé et écrit le contenu. Lorsqu’il eut pris possession du royaume de David, son père, il pria Dieu de lui donner la sagesse plutôt que les richesses et que la victoire sur ses ennemis. Il reçut l’effet de sa demande et devint sage plus que tous les mortels qui avaient été avant lui ou qui furent dans la suite. Il fut admiré de tous pour les choses qu’il avait faites ou dites ; il composa trois mille paraboles et cinq mille cantiques ; il disserta sur la nature de tout ce qui germe sur la terre et de tous les animaux. Il écrivit, selon les uns, trois livres seulement, celui-ci, l’Ecclesiaste et le Cantique des cantiques ; suivant les autres, il composa aussi la Sagesse, qui est intitulée et appelée Panarétique, car ils affirment que ce livre est véritablement son œuvre.

Ce livre est donc appelé le livre des Proverbes : Or, les proverbes sont des paroles remplies de sagesse qui ressemblent aux énigmes, qui disent une chose et signifient une autre cachée sous celle-ci. Telle est la nature des proverbes. Il en est ainsi quand les disciples disent, dans l’évangile de Jean, après que le Seigneur eut dit beaucoup de choses dont le sens demeurait obscur pour eux : « Maintenant, vous parlez ouvertement et vous ne dites aucun proverbe. » (Jn. 16, 29) D’où il est facile de conclure que les proverbes présentent un sens caché et non un sens clair. C’est parce que la plupart des paroles contenues dans ce livre sont de cette nature qu’il est appelé le livre des Proverbes. Le proverbe est appelé par les Grecs paroimia, parce que de telles sentences étaient ordinairement écrites le long des chemins, pour la correction et l’enseignement de ceux qui passaient par là. On écrivait ainsi le long des chemins, parce que tous ne recherchent pas les enseignements de la vérité ; afin que, passant et voyant ces choses, les hommes recherchassent le sens de ce qui est écrit et qu’ainsi ils fussent instruits. Quelques-uns définissent ainsi le proverbe la parole d’un seul, mise comme dans le chemin pour être exposée aux regards de plusieurs.

Ce livre renferme la connaissance de la sagesse et de la discipline, l’intelligence des discours sensés, les divers sens du langage, la notion de la justice véritable pour redresser les jugements, les moyens de reconnaître les paraboles, les sentences des sages, les énigmes, les paroles obscures. Car, il y a une connaissance de la sagesse et de la discipline. Si les Grecs prétendent posséder la sagesse, si les hérétiques se croient en possession de la discipline, l’auteur de ce livre enseigne à la fois la sagesse et la discipline véritable, afin que, par la ressemblance de ce nom de sagesse, nul ne soit entraîné vers les sophismes des Grecs ou des hérétiques. Les Grecs pensent l’emporter sur tous en cette matière et « disant être sages, ils sont devenus insensés. » (Rom. 1, 22)

Les hérétiques, persuadés qu’ils possèdent la discipline, marchent dans leur voie propre, et ils pèchent, condamnés par eux-mêmes. Le sage, s’il entend les divines paroles, deviendra plus sage ; car, entendant la loi de Dieu et la mettant en pratique, ne se laissant séduire par aucune tromperie, ni entraîner par la négligence dans la discipline du Seigneur, l’homme deviendra sage et, instruit de la sorte, il recevra de Dieu une connaissance parfaite. C’est ainsi que les sages sont instruits, et l’intelligence des discours de la sagesse n’est autre que la connaissance du Dieu unique et véritable. Parmi les Grecs, les uns ont pensé que Dieu est corporel, les autres l’ont adoré dans les simulacres des idoles. Les hérétiques, à leur tour, se sont égarés dans la connaissance du vrai. C’est pourquoi celui-ci [l’auteur des proverbes] parle de la connaissance véritable de Dieu, en disant qu’il est ineffable : « La gloire de Dieu cache la parole (Pro. 25, 2), » et il dit de sa providence : « Les yeux du Seigneur contemplent en tous lieux les bons et les méchants. » (Id. XV) Et encore : « Le riche et le pauvre se sont rencontrés : le Seigneur a fait l’un et l’autre. » (Pro. 22, 2) « Tandis que le débiteur et le créancier sont