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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/580

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point adultères, pourquoi commettez-vous l’adultère ? » (Rom. 2, 21) De même que celui qui marche et suit son chemin droit parvient au but ; ainsi celui qui porte des jugements droits est reconnu juste et sage. Les paraboles sont des discours qui offrent comme une image des choses dont on parle. Elles permettent de saisir par la ressemblance les choses dont il est question. C’est ainsi que le Seigneur disait, comme le rapporte Marc : « A quoi comparerai-je le royaume de Dieu ou à quelle parabole aurai-je recours pour en parler (Marc. 4, 30) ? » indiquant que la parabole est une façon de parler par ressemblance. Et lorsqu’il a dit : « Le royaume de Dieu est semblable, » il ajoute aussitôt : « C’est pourquoi je leur parle en paraboles. » (Mat. 13, 31) Les paraboles sont semblables à celle-ci : « De même que la chute de la neige au temps de la moisson tempère la chaleur, ainsi l’envoyé fidèle réjouit ceux qui l’ont envoyé. » (Pro. 25, 13) Ou encore : « Ceux qui se réjouissent d’avoir fait une promesse trompeuse ressemblent aux vents, aux nuages et à la pluie (Id.14), » et d’autres discours semblables. Les sentences ne sont pas des subtilités de paroles, des discours qui séduisent par une apparence probable, mais des enseignements vrais et exacts, proférés non selon la doctrine d’un maître, mais comme le résultat d’une intuition particulière et comme une affirmation personnelle : « Lorsque le cœur se réjouit, le visage s’épanouit ; dans la tristesse il s’assombrit. » (Pro. 15, 13) De même : « Le cœur droit cherche la science ; la bouche des insensés se nourrit de sottise. » (Id.14) Ou bien : « La haine excite les querelles ; la charité recouvre tous ceux qui n’aiment point la contention. » (Pro. 10, 12) « Celui qui méprise une chose sera méprisé par elle ; celui qui accomplit le commandement demeurera à l’abri du mal. » Les discours des autres hommes sont, pour la plupart, d’un sens douteux ; ceux des sages, tels que sont les précédents, sont vrais et exacts de tout point, de telle sorte que l’on n’y puisse contredire. Les autres hommes définissent une chose par ses effets, comme si l’on dit que l’homme injuste est méprisable et que l’adultère est infâme, car cela est évident pour tous. Mais les sages remontent aux principes des choses, afin que chacun connaissant la source du mal puisse se tenir en gardé, et ils donnent comme un pronostic des mouvements de l’âme, ainsi qu’on l’a vu dans les choses dites plus haut : « La haine excite les querelles ; la charité recouvre tous ceux qui n’aiment point la contention. » Celui qui est querelleur tire de la haine le principe de sa méchanceté et personne ne dira qu’il aime celui qui se plaît dans les querelles. Au contraire, celui qui fuit la contention a le caractère de la charité, en sorte que personne ne dira que celui qui a la charité aime les disputes. De même, il est dit : « Le paresseux est rempli de désirs (Pro. 13, 4), » et : « L’homme emporté agit sans raison. » (Pro. 14, 17) Car, l’âme du paresseux est tout entière plongée dans les désirs et l’homme emporté par la colère n’est capable. d’aucun bon conseil.

Le sage décrit les mœurs et fait connaître le principe des actions, leur cause, lorsqu’il dit que la haine précède les rixes ; que la charité précède la fuite de la dispute ; que la volupté coupable précède la paresse ; que la colère suit le manque de conseil ; que la cause du mépris dans lequel l’homme tombe est le mépris de la loi ; que la crainte de Dieu nous garde à l’abri du mal ; et, de même, que la cause de la perte de l’âme est de ne point garder sa langue, ou que la témérité engendre la crainte. Si, donc, on examine ainsi en détail chacune de ces sentences, on découvrira qu’elles ont été prononcées et écrites afin que ceux qui les connaîtront apprennent en même temps les causes du bien et du mal, qu’ils accomplissent le bien et s’écartent de l’iniquité.

Les énigmes sont des paroles d’un sens obscur qui sont destinées à préoccuper l’esprit de celui qui les rencontre et qui ne peut en découvrir ou en deviner le sens, mais qui cependant laissent découvrir la pensée cachée à celui qui les scrute attentivement. En voici des exemples : « Une sangsue avait trois filles très-chéries ; ces trois et la quatrième n’ont jamais dit : c’est assez. La tombe, l’amour d’une femme, l’abîme, la terre qui n’est jamais rassasiée d’eau, l’eau et le feu n’ont jamais dit : c’est assez. » (Pro. 30, 15) Et encore : « Il y a trois choses que mon intelligence ne peut atteindre et une quatrième que j’ignore : les traces de l’aigle au milieu des airs, celles du serpent sur la pierre, celles du navire qui fend l’onde et les voies de l’homme pendant le temps de sa jeunesse. » (Id.18)